La décision était attendue mais aussi redoutée par l’industrie automobile : la Commission européenne a annoncé, ce 14 juillet, la fin des moteurs à essence et diesel à partir de 2035. Elle a proposé de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves dans l’UE à partir de cette date, ce qui entraînerait de facto l’arrêt des ventes de véhicules essence et diesel, au profit des motorisations 100% électriques. La mesure doit contribuer à atteindre les objectifs climatiques de l’UE mais « elle bénéficiera aussi aux citoyens en réduisant les dépenses énergétiques et en améliorant la qualité de l’air », a indiqué la Commission européenne.
Les constructeurs se sont mobilisés
Certes, d’ici à ce que l’interdiction tombe, ces modèles devraient encore se vendre par dizaines de millions à travers l’Europe, et ils pourront toujours rouler après 2035. La Commission mise sur cette interdiction pour atteindre un transport complètement décarboné en 2050 (l’objectif de neutralité carbone de l’Europe), car une voiture reste environ 15 ans sur la route avant de partir à la casse. « Les voitures d’occasion seront plutôt concernées par les restrictions de circulation locales, comme les zones à faibles émissions », précise Julia Poliscanova de l’ONG européenne Transport and Environment. Dans ces zones, dans des métropoles comme Londres ou Paris, l’accès serait limité assez vite aux seuls véhicules électriques.
Les constructeurs seront-ils prêts? L’année 2020 a marqué une vraie accélération, sous pression de l’UE et grâce aux aides publiques. Les constructeurs ont électrifié leurs gammes et le marché des hybrides et des électriques a explosé en Allemagne, en France ou en Italie. « Chaque constructeur a pris la mesure des changements en cours », souligne Thomas Morel du cabinet McKinsey.. « Toutefois, les niveaux d’investissement restent très variables d’un acteur à l’autre ». Volkswagen et Volvo ont présenté les plans les plus ambitieux avec, respectivement, 60% de voitures électriques en Europe, et 100% dans le monde, d’ici 2030. Renault, pionnier de l’électrique avec sa Zoé, accélère sa transition, tout comme Stellantis, en pointe sur les hybrides.
Des risques de destructions d’emplois massives
Cette annonce, qui va ravir les associations de defense de l’environnement, est un choc pour beaucoup de constructeurs automobiles européens et français. Ils s’inquiètent d’un manque de bornes de recharge et surtout d’une transformation industrielle qui pourrait provoquer une hémorragie d’emplois. « La filière auto française pourrait perdre 32.000 emplois d’ici à 2025 « , alerté Luc Chatel, le 9 juillet, président de la Plateforme automobile française. Certes, il s’agit « d’un scénario catastrophe », mais celui-ci est « envisageable ». Luca de Meo, directeur général de Renault estimait pour sa part, le 7 juillet, lors d’une audition devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, qu’une transition trop rapide vers les véhicules électriques « menacerait 50.000 emplois » en France. Pour Claude Cham, ex-président de la Fiev (Fédération des industries des équipements pour véhicules) « 15 à 35-40.000 emplois pourraient être perdus dans les deux ans ». Une saignée, alors que constructeurs, équipementiers et carrossiers ont déjà perdu le tiers de leurs effectifs entre 2005 et 2018 (à 205.000 salariés) dans l’Hexagone. Ce sont ces risques majeurs que Luc Chatel a expliqué, le 12 juillet, à Emmanuel Macron lors d’une réunion de la filière avec les patrons de Stellantis et de Renault.
La France devrait afficher sa déception face à cette fin des véhicules thermiques en 2035, qui exclut, de fait, les véhicules hybrides rechergeables que Paris voulait continuer de promouvoir jusqu’en 2040 . « Il y a une volonté forte de garder les hybrides rechargeables à horizon 2035 », avait précisé un conseiller élyséen, quelques jours avant l’annonce du plan de la Commission. Visiblement, la parole française n’a pas été entendue.
(Avec AFP)
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