France World

Expérimentation animale : Un prestigieux institut de recherche prône un changement de paradigme

Vers la fin de l’expérimentation animale ? En Suède, l’institut de recherche Karolinska – abritant des équipes scientifiques parmi les plus reconnues d’Europe et décernant chaque année le prix Nobel de médecine – a publié un rapport selon lequel la vivisection ne devrait plus constituer la « norme ». Précisions de 30millionsdamis.fr.

Un signe (très) encourageant ! Figure de proue de la recherche médicale en Suède et en Europe, l’Institut Karolinska publie un rapport intitulé « Communiquer sur les méthodes sans expérimentation animale » (06/2021), fruit d’entretiens approfondis avec des chercheurs ainsi que des membres de comités d’expertise, des parlementaires, des entreprises (L’Oréal et AstraZeneca) et des ONG. Si « l’expérimentation animale a longtemps été considérée à la fois comme une nécessité et une exigence réglementaire », les auteurs l’affirment désormais sans ambages : « de nouvelles méthodes – telles que des modèles cellulaires avancés et des algorithmes informatiques – répondent à un besoin croissant de recherche plus rapide et plus pertinente pour l’Homme ».

Vers de « nouvelles méthodes » éthiques et mieux adaptées à la santé humaine

 

Les méthodes sans expérimentation animale peuvent être à la fois plus rapides et mieux adaptées à la santé humaine.
Institut Karolinska

Si le développement de procédés sans utilisation d’animaux est certes « considéré comme une question de bien-être animal », cette nécessité dépasserait même l’enjeu éthique : « ce sont des méthodes qui peuvent être à la fois plus rapides et mieux adaptées à la santé humaine », insiste le rapport. Ces « nouvelles méthodes » – expression privilégiée par les auteurs par rapport au mot « alternative », qui présupposerait à tort que l’expérimentation animale serait, elle, la « norme » – répondraient en outre à la législation européenne dans son objectif de « Remplacement » [stratégie dite des « 3R » consistant à Remplacer (la vivisection par d’autres méthodes), Réduire (le nombre d’animaux utilisés) et Raffiner (les protocoles pour éviter la souffrance animale), NDLR].

Toutefois, le déploiement de telles innovations serait pour l’instant freiné par un manque de valorisation des résultats scientifiques, les chercheurs interrogés ayant notamment souligné l’importance (pour eux-mêmes) de communiquer sur les « forces et les faiblesses » de l’ensemble des techniques – basées ou non sur l’expérimentation animale – disponibles à ce jour. Les auteurs du rapport suggèrent ainsi de « compléter le concept de Remplacement par (celui de) Placement », c’est-à-dire de « placer les nouvelles méthodes dans la société sans toujours les comparer avec les méthodes basées sur l’expérimentation animale ». Un véritable changement de paradigme, en somme !

Une ambition dont la France devrait s’inspirer

« Le rapport de l’Institut Karolinska ne parle pas encore de sortie de l’expérimentation animale, mais un premier pas important a été franchi, à savoir reconnaître que l’avenir appartient aux méthodes qui n’impliquent pas l’expérimentation animale », a réagi le Dr Corina Gericke, vétérinaire et vice-présidente de Ärzte gegen Tierversuche (Médecins contre l’expérimentation animale). L’ONG allemande se réjouit du fait que la Suède soit le 5ème pays – après les Pays-Bas, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège – à franchir une étape importante en matière d’expérimentation animale, rappelant que le gouvernement suédois avait déjà présenté, en décembre dernier, une feuille de route pour la recherche au cours des quatre années à venir… affirmant son ambition de « devenir un leader mondial » dans le domaine des méthodes sans vivisection. Louable ambition dont la France devrait s’inspirer !

 

La Suède reconnaît que l’avenir appartient aux méthodes qui n’impliquent pas l’expérimentation animale.
Corina Gericke, Ärzte gegen Tierversuche

En avril 2021, une ancienne animalière dans un laboratoire et une chercheuse membre d’un comité d’éthique s’étaient confiées à l’association Animal Testing pour dénoncer la mise à mort brutale des lapins ainsi que le rythme infernal des prélèvements effectués sur les animaux, dont elles disaient avoir été témoins. Au total, plus de 1,8 million d’animaux ont été utilisés pour la science en France en 2019, selon le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. La Fondation 30 Millions d’Amis adresse aux instances européennes une pétition afin d’inciter les États membres à mettre fin aux tests sur les animaux, déjà signée par plus de 370.000 personnes. Dès lors qu’il est démontré que des méthodes substitutives existent, 89 % des Français sont favorables à l’interdiction de toute expérimentation animale (Baromètre Fondation 30 Millions d’Amis – Ifop, 2021).

La Fondation 30 Millions d’Amis soutient depuis plusieurs années le développement de la méthode « Valitox », un test réalisé sur des cellules humaines en culture qui permet de déceler l’éventuelle toxicité aiguë d’une substance sans utiliser d’animaux. Une approche innovante et éthique qui a fait l’objet d’une publication scientifique (Toxicology Reports, 2020).

Source

L’article Expérimentation animale : Un prestigieux institut de recherche prône un changement de paradigme est apparu en premier sur zimo news.