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Au Moyen-Orient, des fissures dans l’axe saoudo-emirati

Le prince héritier d’Abou Dhabi, Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyan, reçoit le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à l’aéroport présidentiel d’Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 27 novembre 2019. WAM / VIA REUTERS

C’était l’alliance la plus influente du Proche-Orient. Le partenariat noué ces dernières années entre l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis (EAU) a pesé très lourd sur les équilibres dans la région. Associés dans la guerre au Yémen, le blocus contre le Qatar et la lutte contre l’islam politique, les hommes forts de ces deux pétromonarchies, l’héritier du trône de Riyad, Mohammed Ben Salman, et son homologue d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed, passaient pour le duo le plus entreprenant du monde arabe. « MBS » et « MBZ » comme on les surnomme, deux adeptes du « hard power », ambitionnaient de remodeler le Proche-Orient.

Mais depuis quelques jours, des fissures apparaissent dans cette alliance. Au dernier sommet de l’OPEP + (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et neuf autres producteurs, menés par la Russie), organisé début juillet en vidéoconférence, les Emirats ont fait dérailler la politique de limitation de la production de l’Arabie, destinée à stabiliser le cours du baril, en arguant que le quota qui leur est attribué est insuffisant. Les débats ont été suspendus sine die lundi 5 juillet, sur un désaccord – inhabituellement public – entre le ministre de l’énergie saoudien, Abdelaziz Ben Salman, frère de « MBS », et son homologue émirati, Souheil Al-Mazrouei, homme lige du sultan Al-Jaber, le patron de la compagnie pétrolière des EAU, qui est l’un des lieutenants de « MBZ ».

Le même jour, autre indice d’un refroidissement des relations entre les deux voisins du Golfe, le royaume saoudien a révisé sa politique douanière de manière unilatérale. Riyad a décidé que les importations en provenance de zones franches, ainsi que tous les produits fabriqués en Israël ou par une entreprise contrôlée entièrement ou en partie par des investisseurs israéliens, ne bénéficieront plus des tarifs préférentiels offerts aux pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce coup de canif dans les accords réglementant le commerce entre les six monarchies de la péninsule arabique (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Koweït, Oman, Bahreïn) vise avant tout les EAU. Le modèle de diversification économique mis en place par cet Etat repose en partie sur l’attraction de capitaux et de talents étrangers dans des zones défiscalisées, dont Dubaï, l’un des sept émirats de la fédération, a fait sa spécialité.

« La mésentente devient frontale »

L’annonce saoudienne survient par ailleurs quelques jours après la visite à Abou Dhabi du ministre israélien des affaires étrangères, Yaïr Lapid, venu inaugurer l’ambassade de son pays, reconnu par les EAU en août 2020. A cette occasion, le chef de la diplomatie israélienne s’était félicité de l’accroissement des échanges commerciaux avec les Emirats, célèbres pour servir de plate-forme de réexportation régionale.

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