Elle dit avoir démissionné dans un souci d’apaisement, mais l’annonce, vendredi 9 juillet, du retrait de la vie publique d’Ihsane Haouach aurait d’autres raisons : cette féministe belge, qui défend âprement le port du voile dans la sphère publique, entretiendrait, selon la sûreté de l’Etat – le service de renseignement intérieur –, des liens avec l’organisation des Frères musulmans.
Mme Houach était, depuis six semaines, au cœur d’une violente polémique qui a mis à mal la cohésion de la fragile majorité fédérale du premier ministre, Alexander De Croo. La nomination de cette femme de 36 ans, le 1er juin, comme commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité entre les hommes et les femmes avait immédiatement suscité la polémique. Soutenue par le parti Ecolo, elle a, très vite, été la cible de l’opposition nationaliste flamande, mais aussi du Mouvement réformateur (MR), le parti libéral, qui n’a pas craint de critiquer la décision de son partenaire au sein du gouvernement fédéral.
Le 30 juin, la première apparition de Mme Haouach à l’Institut pour l’égalité était marquée par un vif incident. Le représentant du MR au conseil d’administration lui demandait d’enlever son foulard ou de s’abstenir de siéger, afin que le principe de neutralité ne soit pas violé. Les représentants des autres partis, dont le Parti socialiste (PS), lui aussi membre du gouvernement, se taisaient.
Pas « un marqueur religieux »
Le pays sortait à peine, il est vrai, d’une autre polémique sur le port de voile : la justice venait de donner raison à une candidate à l’embauche par la Société bruxelloise des transports (STIB). Cette femme estimait qu’elle n’avait pas été engagée parce qu’elle portait un foulard islamique et la STIB avait été condamnée pour discrimination. Après de longs palabres, le gouvernement régional avait décidé de ne pas faire appel de cette décision, ouvrant ainsi la porte au port du voile dans une société publique, tout en rappelant les principes « de neutralité et d’impartialité ».
Le 3 juillet, Mme Haouach relançait la polémique. Dans une longue interview au quotidien Le Soir, elle disait avoir été victime « de racisme et de sexisme » et évoquait le dépôt d’une plainte contre le représentant du MR à l’Institut pour l’égalité. Contestant le fait que le voile soit « un marqueur religieux », elle invitait à nuancer le principe de neutralité de l’Etat. « La neutralité n’est pas une fin en soi, elle sert un objectif, l’égalité », déclarait-elle. Le voile, ajoutait-elle, « est une partie de mon identité qui n’a pas à être débattue publiquement ni à être justifiée ». Interdire son port « est discriminatoire et inefficace », soutenait-elle encore, estimant que ce n’est pas l’apparence d’une personne qui peut remettre en cause la neutralité.
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