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Branson, l’entrepreneur casse-cou devenu milliardaire de l’espace

Le Britannique Richard Branson a ajouté dimanche à sa collections de succès d’affaires et d’exploits technologico-sportifs le trophée de milliardaire de l’espace, récompensant enfin son ambition stratosphérique, qui lui a toutefois valu quelques chocs météoriques.

« Nous sommes à l’avant-garde d’une nouvelle ère spatiale », a lancé l’audacieux patron de Virgin après avoir flotté à 86 km d’altitude pendant quelques minutes à bord du VSS Unity, le vaisseau de la société de tourisme spatial qu’il a fondée, et qui s’est élancé depuis la base Spaceport America, dans l’ouest des Etats-Unis.

Il a coiffé au poteau l’homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, qui doit à son tour aller visiter le grand vide le 20 juillet, à bord de la capsule New Shepard de sa société Blue Origin.

Les deux hommes veulent être les précurseurs du tourisme spatial, un hobby qui devrait être l’apanage de riches clients même si Branson, qui prévoit des vols commerciaux réguliers dès 2022, assure que « l’espace nous appartient à tous ».

Le célèbre Britannique au sourire hollywoodien et à la chevelure désormais plus blanche que blonde a pris sa revanche sept ans après un accident du vaisseau-fusée de Virgin Galactic: une erreur de manipulation d’un des deux pilotes avait provoqué sa désintégration en vol.

« Le risque fait bien sûr partie des vols dans l’espace », avait alors admis le magnat britannique.

Ce risque, le flamboyant septuagénaire l’a tutoyé tout au long de sa carrière d’entrepreneur, de la signature du turbulent groupe punk the Sex Pistols sur son label musical Virgin Records à la fin des années 1970 au lancement de Virgin Atlantic quelques années plus tard.

– Parti de rien –

La compagnie aérienne spécialisée dans les trajets transatlantiques, longtemps porte-étendard de la nébuleuse Virgin, a subi le choc de la pandémie de plein fouet, et a dû être plusieurs fois refinancée pour éviter la faillite face à l’effondrement du trafic.

Le milliardaire a tenté sans succès de solliciter l’aide du gouvernement conservateur de Boris Johnson. Il a finalement mis au moins 200 millions de livres de sa poche.

L’empire de Branson, créé à partir de 1970 avec un commerce de disques par correspondance, compte aujourd’hui plusieurs centaines de sociétés où le groupe n’a parfois qu’une part minoritaire, et revendiquait l’an dernier environ 70.000 employés pour un chiffre d’affaires évalué autour de 20 milliards d’euros.

Il accumule des activités allant du fitness aux télécommunications en passant par les médias ou le tourisme, la gestion d’investissements, le recyclage ou les transports.

Fils d’une danseuse devenue hôtesse de l’air et d’un avocat, anobli par la reine Elizabeth, il a amassé une fortune personnelle estimée à environ 5,6 milliards de dollars par le magazine Forbes.

De quoi lui valoir une certaine admiration au sein des milieux d’affaires et au-delà, d’autant que « sir Richard » sait opportunément rappeler qu’il est parti de rien après avoir quitté l’école à 17 ans pour fonder un magazine pour étudiant.

« Lancer une nouvelle affaire est toujours une aventure », résumait Branson il y a quelques mois dans une tribune au magazine américain Entrepreneur.

– Défis en pagaille –

Mais chez lui, « l’aventure » est parfois à prendre au pied de la lettre, tant il a multiplié les exploits para-sportifs, cultivant au passage son image de tête brûlée, définitivement à part dans l’establishment.

Il a ainsi été le premier, avec l’aérostier suédois Pers Lindstrand, à traverser l’océan Atlantique en ballon en 1987, puis l’océan Pacifique quatre ans plus tard.

Le « milliardaire volant », comme l’a longtemps surnommé la presse britannique, a failli y laisser sa peau, comme en 1996 lorsqu’il tente de réaliser le tour du monde en ballon sans escale et qu’il s’écrase en Algérie.

Mais en 2004, il établit un nouveau record pour la traversée de la Manche à bord d’une voiture amphibie, puis fait plusieurs tentatives de tour du monde en montgolfière avec son ami Steve Fossett, mort depuis dans un accident d’avion, et monte une expédition vers des fosses sous-marines inexplorées.

L’échec, le créateur touche-à-tout l’a déjà connu, de la déconfiture de sa marque de boisson gazeuse Virgin Cola aux fermetures en série de ses grands magasins de livres et disques Virgin Megastore.

Il est aussi coutumier des critiques, comme celles qui avaient accompagné son exil à Necker, une des Iles Vierges britanniques, un archipel assimilé à un paradis fiscal.

Il s’en défend, assurant l’avoir achetée « pour sa beauté » vierge justement et pour une modique somme lorsqu’il n’avait que 29 ans.

Peut-être la clé de sa trajectoire déterminée, il donnait récemment sur son blog deux conseils aux entrepreneurs en herbe: « Vous pouvez tout faire si vous le décidez », et « Arrêtez de vous préoccuper de ce que les autres pensent ».

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