L’inquiétude face à l’avancée inexorable des talibans grandit chaque jour en Afghanistan. Un système de défense capable d’intercepter roquettes et missiles a été déployé à l’aéroport de Kaboul, ont annoncé les autorités afghanes, dimanche 11 juillet.
« Le système de défense aérienne nouvellement installé est opérationnel à Kaboul depuis 2 heures ce dimanche matin » (21 h 30 GMT samedi), a affirmé le ministère afghan de l’intérieur, « ce système s’est avéré utile à travers le monde pour repousser les attaques de missiles et de roquettes ». Le ministère n’a pas donné de détails sur le type de système déployé ou sa localisation. Mais son porte-parole, Tariq Arian, a précisé à l’Agence France-Presse que le système avait été installé sur l’aéroport de Kaboul pour protéger les seules installations aéroportuaires.
Les talibans ont, à plusieurs reprises, lancé des attaques à la roquette ou au mortier contre les forces gouvernementales ou étrangères, et l’organisation rivale de l’Etat islamique a mené une attaque de ce type contre Kaboul en 2020.
« Donné par nos amis étrangers »
Le système de défense aérienne « nous a été donné par nos amis étrangers. C’est une technologie très compliquée. Pour l’heure, nos amis étrangers le font fonctionner pendant que nous acquérons les connaissances pour l’utiliser », a déclaré Ajmal Omar Shinwari, porte-parole des forces afghanes de sécurité, lors d’une conférence de presse. Il n’a, cependant, pas précisé quel pays était concerné.
La Turquie s’est engagée à assurer la sécurité de l’aéroport de Kaboul, quand l’ensemble des troupes américaines et de l’OTAN auront quitté le pays, une échéance prévue d’ici le 31 août. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré vendredi qu’Ankara et Washington étaient d’accord sur les « modalités » de la future prise en charge de l’aéroport par les forces turques.
Au cours de ses vingt ans de présence en Afghanistan, l’armée américaine a déployé sur ses bases plusieurs systèmes C-RAM (contre-roquettes, artillerie et mortiers), capables de détecter et détruire les projectiles les visant, mais aussi de donner l’alerte. Ce type de système était notamment déployé sur l’immense base de Bagram, à 50 kilomètres au nord de Kaboul, restituée début juillet aux forces afghanes.
Des ressortissants étrangers évacués
Ces deux derniers mois, les talibans se sont emparés de larges portions du territoire afghan, lors d’une offensive lancée début mai à la faveur du début du retrait définitif des troupes étrangères d’Afghanistan. Privées du crucial soutien aérien américain, les forces afghanes n’ont offert qu’une faible résistance.
Ces dernières ne contrôlent plus que les axes principaux et les capitales provinciales, dont plusieurs sont encerclées par les insurgés, laissant craindre qu’ils n’attaquent prochainement Kaboul ou son aéroport, principale voie de sortie pour les ressortissants étrangers en Afghanistan, notamment les diplomates et le personnel humanitaire. Plusieurs districts de provinces voisines de Kaboul, situés dans un rayon d’une centaine de kilomètres de la capitale, sont déjà tombés aux mains des talibans.
La situation inquiète les pays étrangers. L’Inde a annoncé avoir évacué le personnel indien de son consulat à Kandahar, grande ville du Sud afghan. La province de Kandahar, berceau et bastion historique des talibans, a été le théâtre d’intenses combats récemment. Les insurgés se sont emparés début juillet du district-clé de Panjwai, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Kandahar et, vendredi, ils ont attaqué une prison des faubourgs de la capitale provinciale avant d’être repoussés.
Ces derniers jours, en raison des combats dans le Nord de l’Afghanistan, la Russie a, elle, fermé son consulat à Mazar-e-Sharif, capitale de la province de Balkh et un des principaux centres urbains afghans, proche de la frontière avec l’Ouzbékistan. Pékin a aussi récemment conseillé à ses ressortissants de quitter le pays et a évacué 210 d’entre eux début juillet.
Dimanche, le porte-parole des forces afghanes de sécurité a tenté de rassurer, démentant l’affirmation des talibans selon laquelle ils contrôleraient 85 % du territoire afghan. Une assertion impossible à vérifier de façon indépendante. « Ce n’est pas vrai. Les combats se poursuivent dans la plupart des zones » que les talibans disent contrôler, a affirmé Ajmal Omar Shinwari.
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