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L’ONU prolonge le passage transfrontalier de l’aide humanitaire en Syrie

Des camions se croisent à Bab-Al-Hawa, à la frontière entre la Syrie et la Turquie, seul point de passage autorisé pour l’aide humanitaire, le 30 juin 2021. MAHMOUD HASSANO / REUTERS

Les quinze mains se sont levées, ensemble, dans la salle du Conseil de sécurité : l’ouverture du point de passage de Bab Al-Hawa, situé à la frontière turque, qui permet de desservir la province d’Idlib et le Nord-Ouest en aide humanitaire, vient d’être prolongée. Sans ce vote, ce dernier couloir sans contrôle, vital pour les populations installées dans l’enclave, aurait dû être fermé dès le lendemain, samedi 10 juillet. A l’ONU, on n’avait pas vu pareille unanimité au sein du Conseil depuis 2016 sur le volet humanitaire du dossier syrien.

L’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a salué immédiatement la « catastrophe évitée » : chaque mois, mille camions pourront continuer à approvisionner les quatre millions de Syriens et de réfugiés de cette région. Son homologue russe Vassily Nebenzia s’est félicité de ce « moment-pivot » dans le conflit syrien, considéré par certains experts comme un nouveau départ sur le dossier, grâce à cet équilibre américano-russe.

Suspense jusqu’au bout

Le Conseil s’est étendu sur cette « victoire », car elle contraste avec toutes les dernières sessions de vote. Tous les six mois, le Conseil se déchirait en effet entre pays occidentaux et alliés d’un côté, Russes et leur allié chinois de l’autre. « On a vu le dispositif humanitaire, qui passait encore par cinq points transfrontaliers en 2019, être réduit à peau de chagrin », rappelle une observatrice à l’ONU.

La peur était grande de perdre l’ultime couloir humanitaire vers les réfugiés syriens. Soutien principal de Damas, la Russie milite depuis longtemps pour la fin de ce mécanisme transfrontalier, au profit d’aide acheminée à travers les lignes de front à partir de Damas, afin de reconnaître la pleine souveraineté du régime sur le territoire syrien.

Surtout, le suspense a duré jusqu’au bout : la veille du vote, Moscou avait déposé un projet de texte concurrent à celui rédigé par l’Irlande et la Norvège, coordinateurs du dossier au Conseil. Un geste vindicatif, pour laisser supposer qu’elle n’hésiterait pas à aller à la confrontation. Malgré cela, les membres du Conseil ont réussi à finalement s’entendre sur une position commune.

Il y avait des signes avant-coureurs : les dynamiques ont évolué ces trois dernières semaines. On a vu tout d’abord un changement de ton chez les diplomates new-yorkais, qui jusque-là refusaient d’évoquer une distribution de l’aide contrôlée par Damas à travers les lignes de front. Pour la première fois, certains l’ont mentionnée comme une « option possible pour le futur ». De quoi décrisper Moscou, même si ce n’étaient que des concessions orales, « car on sait bien que cela ne fonctionne pas du tout, le régime d’Assad refusant 50 % des requêtes pour ce type de distribution d’aide », confie un diplomate à l’ONU.

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