En Israël, le président a un rôle avant tout symbolique. Ses journées sont ponctuées de visites officielles, de dîners mondains et de beaucoup, beaucoup de rubans à couper. Sa fonction n’est pas vraiment définie par les textes, il se situe au-dessus des partis et prend la place que le gouvernement veut bien lui laisser. La présidence de Réouven Rivlin, qui s’est achevée le mercredi 7 juillet, a donc été compliquée : sa relation avec le premier ministre d’alors, Benyamin Nétanyahou, issu de son parti, le Likoud, était notoirement exécrable.
« La manière de travailler de M. Nétanyahou, toutes ces années, sa manière de faire de la politique, de consolider ses soutiens en “divisant pour mieux régner”, en montant les communautés les unes contre les autres et en s’attirant les faveurs de certaines communautés via la colère et la peur de l’autre… Rivlin a essayé de faire exactement l’inverse », analyse Anshel Pfeffer, journaliste du quotidien Haaretz. Après quatre élections et une longue crise politique, le dixième président israélien a finalement laissé, mercredi, à son successeur, l’ancien chef du Parti travailliste Isaac Herzog, un pays doté d’un nouveau gouvernement et Benyamin Nétanyahou dans l’opposition.
Pendant son septennat, Réouven Rivlin « a essayé de jouer le rôle qu’on attend d’un président en Israël, explique Gideon Rahat, chercheur à l’Israel Democracy Institute et professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque. Jusqu’au bout, il a fait du mieux qu’il a pu pour rassembler ».
Un président jamais sorti de son rôle
En 2015, le chef de l’Etat, issu d’une famille juive établie à Jérusalem depuis le XIXe siècle, mettait déjà en garde contre le schisme qui guettait ce qu’il a appelé les « quatre tribus d’Israël » : Palestiniens citoyens israéliens, Juifs ultraorthodoxes, Juifs religieux nationalistes et Juifs laïcs. « Les différentes tribus de la société israélienne vont rester. Nous devons toujours nous assurer que, dans la tension naturelle qui existe entre l’Etat et le tribalisme, ce soit l’Etat, la république qui l’emporte, a-t-il à nouveau martelé dans son discours d’adieu à la Knesset. Nous ne sommes pas condamnés, mais destinés à vivre ensemble. »
Ces derniers mois ont été rudes pour le politicien de 81 ans, ministre sous Ariel Sharon puis président de la Knesset. Sa plus grande peur a semblé se concrétiser, mi-mai, lorsque de violents affrontements ont éclaté dans les villes dites « mixtes » du pays : un front intérieur s’est soudain ouvert, alors qu’Israël livrait, en même temps, une guerre au Hamas à Gaza. Le 12 mai, la télévision publique israélienne diffuse en direct une scène de lynchage contre un homme présumé arabe par une foule d’extrémistes juifs israéliens ; juste après, le président s’adresse à ses compatriotes, sur la chaîne concurrente et implore : « S’il vous plaît, arrêtez cette folie ! »
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