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Au Mali, un dialogue avec les djihadistes sous pression

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Le président français, Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse conjointe avec le président du Niger, Mohamed Bazoum, au palais de l’Elysée, à Paris, le 9 juillet 2021. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

« Pas de dialogue et de compromission » avec les djihadistes. Ce 10 juin, en marge du sommet de l’OTAN, Emmanuel Macron annonce « la fin de l’opération Barkhane », lancée au Mali en 2014, ajoutant : « On ne peut pas souffrir d’ambiguïté » et mener des opérations « avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants ». La fermeté du chef de l’Etat traduit une inquiétude : alors que Bamako vient de vivre son deuxième coup d’Etat en neuf mois, quelles positions prendront les nouvelles autorités sur l’épineux dossier des négociations avec les djihadistes ?

Le sujet n’est pas seulement de circonstances. Depuis des années, il oppose Bamako et Paris. Côté malien, alors que le conflit avec les djihadistes s’est, depuis 2012, largement étendu au centre et descend désormais vers le sud du pays, l’opinion publique pense de plus en plus que la guerre ne pourra être gagnée par les armes. Mais à Paris, l’idée de négocier avec des groupes labellisés Al-Qaida tandis que des soldats français se font tuer au combat (50 morts depuis 2013) est difficilement justifiable.

Dès 2017, la France a tenté d’écarter cette option. A l’époque, alors que l’armée malienne est acculée au nord et au centre, le premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga décide de lancer un dialogue avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida. Une mission de bons offices est confiée à l’imam Mahmoud Dicko, qui préside alors le Haut Conseil islamique (HCI), regroupement de leaders religieux, et est chargé d’établir le contact avec les combattants dirigés par Iyad Ag Ghali. Mais « des pressions auraient été exercées par des représentants diplomatiques français », note la chercheuse Ferdaous Bouhlel dans son rapport, « (Ne pas) dialoguer avec les groupes “jihadistes” au Mali ? », publié par la Fondation Berghof en 2020. Selon l’autrice, le désaccord entre Paris et Bamako à ce sujet aurait même précipité le remplacement du premier ministre par Soumeylou Boubèye Maïga, « jugé plus conforme aux exigences françaises sur la question. »

Plancher sur une solution politique

Deux ans plus tard, l’option refait surface. En décembre 2019, l’Etat malien lance un « dialogue national inclusif » dont l’objectif est d’explorer les différentes voies possibles d’une sortie de crise. L’une de ses recommandations est de discuter « avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa [un autre chef du GSIM] ». Le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) charge alors Dioncounda Traoré, l’ancien président de la transition qui avait signé la demande d’intervention militaire française en 2013, de plancher sur une solution politique. L’homme connaît bien le dossier : à l’époque, des accords – conjoncturels – avec les djihadistes avaient été conclus afin de pouvoir organiser l’élection présidentielle dans certaines localités du nord.

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