Dans le rôle de la victime en colère, il verrait bien Jean Dujardin. Et pourquoi pas George Clooney dans celui du détective pugnace. Mais, pour le personnage principal, il hésite encore. Ce producteur hollywoodien aimerait adapter l’affaire Angela Gulbenkian à l’écran, avec un casting à la hauteur du scénario. « Cet homme m’a contacté par téléphone pour me parler de son projet sur cette affaire. Cela pourrait faire un bon film, c’est vrai », raconte, un peu amer, le marchand d’art Mathieu Ticolat, sans révéler le nom du producteur.
Le Français, installé à Hongkong, n’est pas près d’oublier Angela Gulbenkian ni le polar dans lequel elle l’a entraîné. La jet-setteuse et courtière munichoise s’est inventé une vie pour mieux monter des escroqueries. Mais par quelle scène ouvrir une telle fiction ? Angela Gulbenkian brillant lors de la foire de Bâle ou celle de Miami ? Angela Gulbenkian penchée sur l’écran de son ordinateur, peaufinant ses profils sur les réseaux sociaux pour bluffer les plus crédules ?
Ou par la fin : le 28 juillet, la jeune quadragénaire va se présenter menottée devant la cour londonienne de Southwark, spécialisée dans les crimes économiques, pour une « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité », une audience de détermination de la peine. Elle déclinera son identité, Angela Maria Ischwang, épouse Gulbenkian, née le 17 février 1982 à Munich.
Puis elle écoutera les deux actes d’accusation pour vol : 58 000 euros payés par une ancienne amie et 1,2 million d’euros réglés par la société de conseil de Mathieu Ticolat, en échange de célèbres pièces de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, comme la Yellow Pumpkin (2012), courge géante parcourue de pois noirs. Angela Gulbenkian ne les a jamais livrées. Plaider coupable lui permet d’éviter un procès, mais pas une condamnation : elle risque de 5 à 7 ans de prison.
Un milieu peu réglementé
La justice anglaise n’est pas la seule à s’intéresser à Angela Gulbenkian. Depuis l’ouverture d’une enquête, à Londres, en 2018, et son arrestation, par Interpol, en juin 2020, à Lisbonne, les langues se délient. D’anciens amis, des courtiers en art, des avocats et des policiers l’accusent d’avoir monté des ventes frauduleuses d’œuvres emblématiques, profitant du peu de régulation des transactions dans le milieu du négoce en art.
« Il y a de plus en plus de courtiers, chacun veut sa part du gâteau… Mais le problème est que, pour ce métier, aucune qualification n’est requise, sauf peut-être un carnet d’adresses et une paire de Louboutin ! » Georgina Adam, journaliste
Il vous reste 83.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article Angela Gulbenkian, le grand art de l’arnaque est apparu en premier sur zimo news.