C’est un bilan « tragique » qu’a annoncé, mercredi 7, juillet l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le seuil des quatre millions de morts du Covid-19 a été dépassé et les chiffres sont « très certainement » sous-évalués, a souligné le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui s’alarme d’une reprise épidémique dans de nombreux pays. Alors que le variant Delta, bien plus contagieux, se répand comme une traînée de poudre sur la planète, le monde est « à un point dangereux dans cette pandémie », a-t-il averti.
Depuis des mois, l’OMS alerte sur les dangers d’une vaccination à deux vitesses, laissant les pays pauvres largement démunis face au virus, et favorisant l’émergence de variants de plus en plus dangereux. Malgré leurs promesses les pays riches ont jusqu’à présent peu partagé leurs vaccins : sur les 3,3 milliards de doses déjà administrées, seul 1 % l’a été dans les pays les plus pauvres. Pour vacciner 70 % de la planète – le seuil théorique de l’immunité collective –, 11 milliards de doses environ sont nécessaires, mais à moins d’un partage plus équitable, cet objectif ne sera pas atteint avant 2023, selon les travaux du Duke Global Health Innovation Center de Durham, en Caroline du Nord, cités dans la revue Nature.
Le dispositif Covax, qui vise à garantir l’accès aux vaccins des pays à revenus faibles ou intermédiaires, a jusqu’à présent fourni 100 millions de doses à 135 territoires participants. Mais l’approvisionnement de ce dispositif s’est pratiquement tari ce mois-ci, selon l’OMS, qui codirige le programme. « Le monde est en train d’échouer », a mis en garde fin juin Tedros Ghebreyesus, qui avait émis le souhait que chaque pays commence à vacciner ses personnels de santé et les personnes les plus vulnérables dans les cent premiers jours de 2021 – une date dépassée en avril.
Disparités importantes
Les chiffres de la vaccination – compilés par le site Our World in Data de l’université d’Oxford – parlent d’eux-mêmes. Si plus de la moitié de la population a déjà reçu au moins une dose aux Etats-Unis ou dans l’Union européenne, à peine plus de 30 % des habitants d’Amérique du Sud ont pu en bénéficier, avec des situations très contrastées : près de 40 % des Brésiliens et des Argentins ont pu recevoir une première injection, mais seulement 25 % des Colombiens, 20 % des Equatoriens, 15 % des Péruviens et des Boliviens et 5 % des Guatémaltèques.
Au Brésil, où le nombre de décès journalier est le plus élevé au monde, moins de 15 % de la population est totalement vaccinée. En Asie, les inégalités sont également flagrantes : si un peu plus de 20 % des Indiens ont reçu une première dose, il en va de même pour seulement 10 à 15 % des Sri Lankais et des Indonésiens, moins de 10 % des Philippins et moins de 5 % des Bangladais.
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