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RFI tend son micro aux jeunes « Arabes israéliens » en quête de reconnaissance

Une adolescente citoyenne palestinienne d’Israël (portant son sac au retour d’une sortie scolaire) passe devant des graffitis « La Palestine n’est pas une mode » et « L’heure de la victoire a sonné ». Le 2 juin 2021, à Nazareth (Israël). TANYA HABJOUQA POUR « LE MONDE »

RFI – À LA DEMANDE – REPORTAGES

C’est l’un des non-dits de l’Etat d’Israël. Près d’un quart de la population du pays n’est pas juif. Musulmans dans leur écrasante majorité, 23 % des 9 millions de citoyens sont des « Arabes israéliens », selon la terminologie officielle. Ils sont, pour la plupart, des descendants de Palestiniens restés sur leurs terres à la création de l’Etat d’Israël, en 1948.

C’est pour explorer ce paradoxe que RFI a envoyé en reportage deux de ses journalistes au moment des derniers événements qui ont fini par précipiter la chute de Benyamin Nétanyahou, le 13 juin. Tenter de comprendre ce que d’aucuns appellent un « apartheid de facto », selon l’expression choisie par deux ONG de défense des droits de l’homme, l’israélienne B’Tselem et l’américaine Human Rights Watch.

Guilhem Delteil est allé à la rencontre de ces citoyens israéliens pas comme les autres. Ils cohabitaient, croyait-on, en bonne intelligence avec leurs concitoyens juifs, à Jaffa, Haïfa, Saint-Jean-d’Acre… Vivaient paisiblement dans les villes et villages autonomes de la Galilée, dont Nazareth. Et puis, dans la foulée des énièmes affrontements entre Tel-Aviv et le Hamas à Gaza, voilà que nombre d’entre eux sont descendus dans la rue pour dénoncer l’occupation des territoires palestiniens par « leur » pays ; participant, le 18 mai, à une grève générale avec les Palestiniens de Jérusalem-Est et de Cisjordanie.

Cette minorité « en quête de reconnaissance », dit le reportage, n’a en rien renoncé à son « identité palestinienne », bien au contraire. « Nous étions comme des adolescents sous pression, il fallait donc s’attendre à ce que nous explosions, à un moment », affirme l’un de ces révoltés, né à Jaffa voilà trente-trois ans. Smadar Saadi, elle, est plus pondérée. « Nous voulons construire quelque chose, nous devons construire quelque chose ensemble », insiste cette restauratrice de Jaffa, qui parle avec chaleur de ses voisins juifs ou chrétiens. Elle « rejette les étiquettes », et se définit « membre d’une grande fratrie ». Elle s’excuse en riant de mal parler sa langue maternelle, tout arabe qu’elle soit : « Comme nous vivons ensemble, nous mélangeons toujours l’arabe et l’hébreu. »

Entre ras-le-bol et espoir

Vivre ensemble… Un défi auquel va se voir confronter le nouveau premier ministre, Naftali Bennett. L’autre reporter de RFI, sa correspondante Alice Froussard, est allée au plus près tendre son micro à cette nouvelle génération « qui n’hésite pas à corriger le discours dominant, aspire à de nouveaux dirigeants, et qui, surtout, a brisé la barrière de la peur ». Une jeunesse partagée entre ras-le-bol et espoir, bien décidée, « de Jérusalem à Gaza, en passant par Ramallah, Haïfa, Hébron ou encore Naplouse, [à] prend[re] la parole ».

Deux jeunes Palestiennes israéliennes de Nazareth, 20 et 21 ans, qui préfèrent rester anonymes, résument l’état d’esprit général, en termes simples, avec, en fond sonore, les tirs de grenades de la police : « On est des humains, tout simplement. On a le droit de se soulever, pacifiquement. On ne fait de mal à personne. Nous ne sommes pas ceux qui veulent voler des maisons, des quartiers… On est tous ensemble, tous à côté les uns des autres, et ça, ils ne le détruiront jamais. »

Les Palestiniens, citoyens d’Israël en quête de reconnaissance, de Guilhem Delteil (Fr., 2021, 20 min), et Le Soulèvement de la jeunesse palestinienne, d’Alice Froussard (Fr., 2021, 20 min).

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