Ahmed Jibril, chef du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), un mouvement de guérilla palestinien radical, inféodé a la Syrie, est mort le 7 juillet, à Damas, à l’âge de 83 ans. Membre de la génération des fondateurs du mouvement national palestinien, Ahmed Jibril s’est opposé, les armes à la main, au plus célèbre d’entre eux, Yasser Arafat, le chef de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) de 1969 à 2004, auquel il reprochait son tournant stratégique, en faveur de négociations avec Israël.
Né en 1938, à Jaffa, dans la Palestine sous mandat britannique, d’une mère syrienne et d’un père palestinien, il grandit à Damas et s’engage dans l’armée syrienne, dont il devient officier. En 1959, il crée le Front de libération palestinien, qui fusionne, en 1967, avec le Mouvement des nationalistes arabes de Georges Habache pour donner naissance au Front populaire de libération de la Palestine, une organisation combinant panarabisme et marxisme, opposée aux nationalistes du Fatah, le parti de Yasser Arafat.
Un an plus tard, Ahmed Jibril fait scission de cette organisation, à qui il reproche de consacrer trop de temps aux débats théoriques, et établit le FPLP-CG, un groupe financé par le régime baassiste syrien, à la vocation purement militaire. Ce groupe, bien que de taille restreinte, se distingue par l’aspect souvent spectaculaire et sanglant de ses opérations, qui lui vaudront d’être classé terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne.
En 1970, le FPLP-CG fait exploser un appareil de la Swiss Air reliant Zurich à Hongkong, avec une escale à Tel-Aviv. Les quarante-sept personnes à bord, dont quinze Israéliens, périssent dans l’attentat. La même année, ses combattants s’infiltrent dans le nord d’Israël et tirent au bazooka sur un bus d’écoliers, tuant douze personnes. Les bombardements israéliens menés en représailles sur des villages libanais font une vingtaine de morts.
« Jibril agreement »
Quatre ans plus tard, alors que le sud du Liban est devenu un terrain de guerre israélo-palestinien, le FPLP-CG perpètre une autre tuerie dans le nord de l’Etat juif, à Kiryat Chmonah, fatale à dix-huit civils. En 1985, la formation atteint l’apogée de sa sulfureuse notoriété en obtenant la libération de 1 150 Palestiniens, prisonniers en Israël, contre celle de trois soldats israéliens, capturés au Liban. Un arrangement surnommé le « Jibril agreement ».
Entre-temps, le FPLP-CG est entré en dissidence avec Yasser Arafat. Le leader au keffieh, qui a dû évacuer Beyrouth avec le gros de ses forces en 1982, s’achemine vers la reconnaissance de la résolution 242 de l’ONU, base de la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Sur les ordres du président syrien, Hafez Al-Assad, qui voit l’OLP comme un obstacle à son désir d’hégémonie au Liban, Ahmed Jibril et ses hommes participent à deux offensives contre le dernier carré des « arafatistes » au pays du Cèdre : le siège de Tripoli, en 1983, et la « guerre des camps », entre 1985 et 1987.
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