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« Vous êtes les bienvenus, mais pas pour fumer du cannabis et pisser dans les canaux » : après la pandémie, Amsterdam veut attirer des touristes différents

Le quartier rouge à Amsterdam, le 28 janvier 2019. ROBIN UTRECHT / ABC / ANDIA

Amsterdam est devenu incompréhensible : on n’y parle plus que le néerlandais. On croise bien çà et là, début juillet, quelques grappes de Français et une pincée d’Allemands, mais, dans l’ensemble, les canaux ont été rendus aux Amstellodamois et la capitale aux Néerlandais, libres de pédaler d’un musée à l’autre. Qui se balade dans les rues humides de l’hypercentre y voit ce qui, depuis dix ans, a fait gonfler les chiffres touristiques comme une baudruche : un décor pour week-end de débauche adolescente. Côté gastronomie, bonbonnières sans fond, pizzas cartonneuses et meules de gouda industriel. Côté culturel, coffee shops et 330 vitrines de prostitution signalées par l’incontournable néon rouge. Il ne manque que les acteurs : des touristes en grande majorité européens, convoyés par les vols low cost. Leur lent retour est amorcé, mais la ville entend le freiner vigoureusement, en interdisant les coffee shops aux étrangers et en écartant les prostituées du « quartier rouge ».

Voilà vingt ans que Bert Nap est entré en résistance et son abnégation commence à payer. La maison de ce professeur de français, résident du « quartier rouge » depuis quarante-trois ans, donne sur la façade sud de l’église wallonne d’Amsterdam et ce verset de la Bible : « J’entrerai en ta maison avec Révérense (sic). » Ce psaume 5 : 8, il le ferait volontiers avaler – courtoisement, car il l’est – aux dizaines de milliers de touristes qui traversent chaque jour son quartier et semblent avoir laissé la « révérense » chez eux. Il a acheté une maison « dans les bois » pour y dormir le week-end et garder la santé.

« La qualité de vie diminue chaque année », dit-il – hormis, suprême paradoxe, durant la pandémie. Chaque soir, le quartier prend « des airs de festival », dit Bert Nap, qui sait lire l’heure en observant les promeneurs. S’ils marchent encore droit, c’est qu’il n’est pas 16 heures. « Après cela, l’atmosphère change toutes les deux heures. A 22 heures, les forces de l’ordre municipales s’arrêtent de travailler, car ça devient trop dangereux. »

Champignons hallucinogènes et gaufres au Nutella

Jeudi 1er juillet, ce ne sont pas encore les fêtards qui salissent les rues, mais les mouettes, qui éventrent les sacs-poubelle sur le trottoir. On croise quelques mines patibulaires qui sont l’ordinaire d’un quartier historiquement déclassé et laissé aux marginaux, avant d’être une destination d’enterrement de vie de garçon. Le soir, l’ambiance est animée, déjà, et l’on ne peut qu’imaginer avec effroi la densité de la foule un samedi soir quand le tourisme sera revenu.

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