Tribune. Ces derniers jours, les défenseurs de l’agriculture biologique se sont insurgés du faible soutien apporté à la bio dans la programmation française de la nouvelle politique agricole commune (PAC). Sitôt communiqués leurs calculs quant à la baisse de ce soutien, le ministère de l’agriculture et de l’alimentation s’est défendu d’une tentative de manipulation visant à déformer les arbitrages retenus.
Deux chiffres se sont alors affrontés : les défenseurs du bio se plaignant d’une baisse de 66 % des aides et le ministère rétorquant augmenter ces mêmes aides de 36 %. Face à cette cacophonie de l’information, peu sont ceux étant parvenus à déceler le vrai du faux. Il est important que le débat public soit clair, précis, transparent. Je déplore le doute s’étant instillé au sujet du soutien à l’agriculture bio, catalysé par l’absence de pédagogie quant aux différentes prises de position.
Il est pour moi essentiel que ce sujet technocratique soit rendu intelligible, afin que tout un chacun puisse exercer son rôle de contrôle de l’action publique et du politique. En 2017, les « aides au maintien », versées aux agriculteurs bio pour leur permettre de compenser financièrement leurs efforts supplémentaires nécessaires aux pratiques culturales vertueuses, ont été supprimées.
Le bio vendu plus cher que le conventionnel
La suppression de ces aides était perçue comme une nécessité budgétaire, dans un contexte de hausse des conversions à l’agriculture biologique, avec un objectif de 25 % de surfaces bio en 2030 ; les sommes seraient devenues colossales. Sur ce point, il semble que tout le monde soit d’accord, malgré les discours tenus publiquement. Notamment du fait de la création de valeur que permet l’agriculture bio sur le marché, le bio étant vendu plus cher que le conventionnel.
A contrario, rémunérer les services environnementaux rendus par les agriculteurs était une demande forte exprimée par les agriculteurs, bio mais pas uniquement. La raison principale : le marché ne peut rémunérer avec précision les services environnementaux rendus.
On imagine aisément un consommateur opter pour un beurre bio plutôt que conventionnel si son porte-monnaie le lui permet ; on imagine moins un consommateur jauger des services environnementaux rendus par l’exploitation productrice de son beurre, et sciemment décider de lui octroyer quelques centimes de plus à cette fin. C’est bien le rôle de la puissance publique que de quantifier les services environnementaux rendus et de les rémunérer en proportion.
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