Si les manifestations de grande ampleur sont devenues rares en Birmanie, l’heure est à la résistance armée, avec une multiplication des attaques de groupes d’autodéfense nouvellement formés contre les militaires ou les civils qui les représentent.
Ces attaques ont lieu dans des zones reculées, mais aussi dans des grandes villes : un colonel et deux autres officiers ont été tués à Mandalay, le 22 juin, lors d’un échange nourri de coups de feu quand ils ont pénétré dans un petit immeuble où se trouvaient des combattants. A Rangoun, un camion militaire a explosé le 18 juin. Ces affrontements s’ajoutent aux heurts entre l’armée régulière (Tatmadaw) et les organisations ethniques armées, qui ont aussi repris les armes contre cette dernière.
L’armée birmane a déjà montré qu’elle pouvait répondre avec des moyens disproportionnés aux nouvelles menaces que posent ces actions, en recourant à l’artillerie et en menant des frappes aériennes contre les populations civiles.
Le 1er février, à la suite du putsch qui avait démis Aung San Suu Kyi du pouvoir, la répression avait conduit à la mort de plus de 700 civils, dont au moins une cinquantaine d’enfants et d’adolescents, en un peu plus de deux mois, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Le 18 juin, un village entier, dont la plupart des habitants ont pu fuir, a été incendié par les militaires à Kinma, près de Pauk, dans la région de Magwe (ouest de la Birmanie), en représailles de tirs sur la maison d’un administrateur loyal à la junte d’un village situé à une dizaine de kilomètres. Les militaires avaient retrouvé le propriétaire grâce à la plaque de la moto ayant servi à l’attaque au village de Kinma.
« Nous ne sommes pas loin d’une escalade de la violence, à une échelle et un degré que nous n’avions pas vus depuis des décennies. On peut compter entre six et huit groupes organisés », expliquait Nyantha Maw Lin, un consultant birman d’un cabinet de Singapour spécialisé sur le risque politique en Asie du Sud-Est, le 29 juin, lors d’un séminaire de l’Institut français des relations internationales à propos de la situation birmane. « Cela a un impact sur les forces de sécurité. Il faut savoir aussi que le coup d’Etat a dégradé l’image de l’armée, même si on ne voit pas encore de défections de masse. Et puis il a déstabilisé la vieille garde qui s’était enrichie, car il y a un impact énorme sur l’économie », poursuit-il.
Groupes d’autodéfense locaux
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