C’est l’aboutissement d’une enquête à rebondissements qui aura duré deux ans, autour d’un scandale financier impliquant des responsables romains de l’Eglise catholique. Le Vatican a annoncé, samedi 3 juillet, l’ouverture, le 27 juillet, d’un procès sans précédent à l’encontre de dix personnes, dont un cardinal influent de la curie romaine. Elles seront jugées par un tribunal du Saint-Siège pour des faits de détournement de fonds, abus de pouvoir, extorsion, corruption, subornation de témoin, blanchiment et fraude.
Outre le cardinal Angelo Becciu, accusé de détournement de fonds, d’abus de pouvoir et de subornation de témoins, comparaîtront deux anciens dirigeants de l’autorité financière de la cité-Etat, trois hommes d’affaires et intermédiaires financiers, deux responsables de la secrétairerie d’Etat, un avocat et une consultante proche du cardinal Becciu. Le Saint-Siège s’est porté partie civile dans cette affaire qui lui aurait fait perdre des millions d’euros mais que de hauts responsables suivaient de près.
Un immeuble à Londres
L’histoire court sur quasiment une décennie. Elle commence avant même le début du pontificat de François, en 2012, lorsque la secrétairerie d’Etat projette d’investir une somme importante (au total, quelque 350 millions d’euros seront concernés par la transaction) dans l’achat d’un immeuble à Londres, destiné à être transformé en appartements de luxe. Au fil des années et de l’intervention d’intermédiaires, cet investissement a fini par être un gouffre financier pour le Saint-Siège, qui a aussi dû mettre la main à la poche pour s’en extirper. L’acte d’accusation détaille sur près de 500 pages des faits mêlant corruption, détournements de fonds, escroquerie et piètre gestion.
L’enquête a tenu le Vatican en haleine. Elle a été marquée par des accusations croisées entre l’Institut pour les œuvres de religion (l’IOR, la banque du Vatican) et l’Autorité indépendante financière (l’AIF, chargée de la supervision financière), des perquisitions spectaculaires à la secrétairerie d’Etat et à l’AIF. Avant même sa conclusion, elle a déjà eu des répercussions institutionnelles.
Le cardinal Angelo Becciu, qui était substitut à la secrétairerie d’Etat (c’est-à-dire numéro 2 du département le plus puissant du gouvernement de l’Eglise catholique) au moment des faits, a été sanctionné par le pape. En septembre 2020, François l’a démis de ses fonctions de préfet de la Congrégation pour la cause des saints et privé des droits liés à son titre de cardinal, pour des raisons qui n’ont pas été explicitées. Dimanche, le cardinal Becciu s’est dit « victime d’une machination » et a proclamé son « innocence absolue » dans l’affaire de l’investissement londonien.
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