Publié le : 02/07/2021 – 22:30
La France inaugurera à l’automne la Villa Albertine, une résidence de création artistique aux États-Unis qui se veut le pendant de la prestigieuse Villa Médicis à Rome, a annoncé vendredi le Quai d’Orsay. Objectif : mettre les jeunes artistes français en prise avec la culture américaine.
Une Villa Médicis version américaine, avec des résidences d’artistes hors-les-murs dans dix grandes villes des États-Unis. Bienvenue à la Villa Albertine, future vitrine de la culture française chez l’Oncle Sam, qui sera inaugurée à l’automne 2021.
A la différence de la Villa Médicis, un prestigieux palais du 16e siècle à Rome, le projet de la Villa Albertine vise avant tout à immerger des artistes français dans le bouillonnement contemporain de la société américaine.
« S’il y a bien un pays qui occupe la place que l’Italie occupait au 17e siècle, c’est les États-Unis », explique Gaëtan Bruel, le directeur de la Villa Albertine (son nom fait référence à l’une des « jeunes filles en fleur » de Proust).
« La Villa Albertine, c’est d’abord le pari de porter le nouvel élan transatlantique jusque dans le domaine de la culture et des idées » après les « malentendus » de l’ère Trump, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en dévoilant le projet, vendredi 2 juillet, au Quai d’Orsay.
Elle va permettre à des créateurs français « d’explorer les réalités américaines » mais aussi de « peser sur la manière dont notre culture est perçue aux États-Unis », a-t-il expliqué, soulignant combien « l’influence culturelle est devenue un levier de puissance ».
Pourquoi ce nom de #VillaAlbertine ? @JY_LeDrian a cité #Proust : » On désire être compris parce qu’on désire être aimé, et on désire être aimé parce qu’on aime ». Message à Albertine Simonet du narrateur dans A la recherche du temps perdu. Message subliminal à l’Amérique, donc pic.twitter.com/DmA5HzqLgW
— J-Christophe Ploquin (@PloquinJC) July 2, 2021
« En immersion »
La France comptera désormais quatre résidences artistiques à Rome, Madrid (Casa Velázquez, inaugurée en 1928), Kyoto (Villa Kujoyama, 1992) et la Villa Albertine dans dix villes américaines simultanément.
Dix lieux symbolisant la diversité américaine et s’appuyant sur les réseaux culturels français aux États-Unis : New York, Washington, Boston, Miami, Atlanta, La Nouvelle Orléans, Chicago, Houston, Los Angeles et San Francisco.
« On s’inscrit dans la tradition de la Villa Médicis mais dans un schéma profondément renouvelé », a relevé l’ambassadeur de France aux États-Unis, Philippe Etienne. « Les résidents seront davantage en immersion dans les lieux qui les accueillent », a-t-il indiqué à l’AFP.
À Los Angeles, les résidents seront accueillis par des producteurs d’Hollywood et de grands collectionneurs d’art. À New York, ils choisiront le quartier et le type de lieu (atelier, lieu d’exposition..) dans lesquels ils souhaitent s’immerger.
L’écrivaine Constance Debré, qui va réaliser une enquête sur la contre-culture américaine, résidera ainsi dans un appartement new-yorkais. Le photographe Nicolas Floc’h, qui se concentre sur la représentation de l’eau, ira pour sa part explorer le Mississippi et ses couleurs changeantes à bord d’un bateau.
« Un énorme cadeau »
Quentin Zuttion, auteur de bande dessinée, a choisi, lui, une itinérance en train de New York à Los Angeles pour réaliser un portrait de la nouvelle jeunesse américaine.
« C’est un énorme cadeau, du pain béni », a déclaré le dessinateur, qui fera son « road trip » en avril-mai 2022 autour de la figure de la « Prom Queen », la reine du bal de promo, élue par ses pairs étudiants en fin de cycle universitaire.
Trois autres artistes, la plasticienne Josefa Njtam, la contrebassiste Sélène Saint-Aimé et le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomia, signeront cette saison inaugurale de la Villa Albertine.
Sélène Saint-Aimé a expliqué vouloir faire un travail de « recherche, de composition et de création » à La Nouvelle Orléans pour « resserrer les liens » entre le jazz et la musique des Caraïbes, dont elle est originaire.
Ils seront 60 résidents à terme, pour des séjours d’un à trois mois et d’un coût moyen de 20 000 euros, soit un budget de 1,2 million par an, cofinancé par du mécénat privé, dont la Fondation Bettencourt-Schueller.
La Villa Albertine offrira aussi une quinzaine de programmes d’accompagnement pour des conservateurs de musée, des scénaristes, l’écriture de jeux vidéos ou la promotion de la création numérique française aux États-Unis.
Avec AFP
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