Le vice-amiral d’escadre Laurent Isnard est préfet maritime de la Méditerranée et commandant de la zone maritime Méditerranée depuis septembre 2019. Ce commando marine et nageur de combat de formation, qui a notamment dirigé le commando Hubert de 1999 à 2001, connaît très bien l’ensemble de l’espace méditerranéen. Il y a effectué de nombreuses missions et en a piloté toutes les opérations spéciales de septembre 2016 à août 2019, en tant qu’officier général commandant des opérations spéciales, à Paris. Il existe selon lui un risque accru d’importation d’un certain nombre de conflits ou de confrontations du golfe Persique et d’Asie vers la Méditerranée.
Quelle est la situation en Méditerranée un an après l’incident du « Courbet », qui avait vu une frégate turque prendre à partie une frégate française alors qu’elle tentait de contrôler un cargo turc soupçonné de violer l’embargo sur les armes à destination de la Libye ?
Un an après, nous pouvons dire que les raisons qui ont conduit à cette crise n’ont pas disparu. Des Etats tels que la Russie ou la Turquie continuent de se placer dans une logique de compétition et ils le font parfois en recourant au registre de la confrontation, quitte à ignorer, voire à contester le droit international. En cela, ils continuent de s’opposer à la vision universaliste du droit que nous défendons avec d’autres. Ils maintiennent une certaine pression. La Russie n’est pas riveraine directe de la Méditerranée, mais elle opère aujourd’hui depuis sa porte d’entrée sur le littoral qu’est le port de Tartous, en Syrie. Elle a un accès pour ses navires de guerre depuis 2019 pour cinquante ans. La Russie est aussi présente en Libye à travers la société Wagner, employeur de mercenaires russes. La Turquie est également toujours présente en Libye, malgré les demandes des Libyens et du Conseil de sécurité des Nations unies concernant le départ des troupes étrangères.
Qu’observez-vous d’autre ?
L’autre évolution importante de ces dernières années, c’est le risque d’importation en Méditerranée de plus en plus de crises extérieures, notamment venant du golfe Persique et d’Asie avec de nouveaux acteurs non riverains de la Méditerranée. Les fractures politiques et religieuses autour du mouvement des Frères musulmans, par exemple, se retrouvent aujourd’hui à travers un soutien revendiqué de la part de la Turquie alliée au Qatar d’un côté, et une opposition frontale de l’Egypte alliée aux Emirats arabes unis de l’autre.
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