Notre café ou notre chocolat du matin proviennent respectivement de plantations de caféier et de cacaoyers situées en milieu tropical, où la faune subit l’impact de l’agriculture intensive et de la déforestation. Or, les labels « bio », « équitables » et « durables » de ces denrées que l’on consomme en très grosse quantité sous forme liquide ou solide ne garantissent pas toujours des critères favorables à l’habitat des oiseaux. Les précisions de 30millionsdamis.fr.
2 milliards ! C’est le nombre de tasses de café consommées chaque jour dans le monde. Préparé à partir des grains contenus dans la « cerise » (fruit) du caféier, le café est devenu quasi indispensable à bon nombre d’entre nous pour se lever « du bon pied » ou bien rester éveillé. Également apprécié en tant que boisson chaude mais aussi sous forme de tablettes ou encore de pâte à tartiner, le cacao – dont la fève est issue quant à elle des baies du cacaoyer – fait également l’objet d’une consommation massive. Malheureusement, ces deux mets d’origine végétale ont un prix pour la faune sauvage des milieux tropicaux…
Les forêts tropicales, remplacées par des monocultures intensives
En effet, la surface de forêt tropicale convertie en plantations de cacao en 20 ans (1988-2008) à travers le monde représente deux à trois millions d’hectares, selon une méta-analyse [analyse des résultats de plusieurs études indépendantes sur une question donnée, NDLR] publiée dans la revue Biological Conservation (1/06/2021). « La perte de la diversité des arbres et des plantes de sous-bois dans les fermes de cacao réduit la diversité d’oiseaux endémiques, frugivores et insectivores », concluent les auteurs. En effet, les monocultures de cacaoyer – où toutes les autres plantes sont éliminées – privent les volatiles d’un habitat favorable. Ainsi, en Côte d’Ivoire (1er producteur mondial), jusqu’à 90 % des parcs nationaux et des aires protégées ont été convertis en plantations de cacaoyers, révèle une enquête de l’ONG internationale Mighty Earth (« Chocolate’s Dark Secret », 2017).
Avec les monocultures de café, nombre d’oiseaux ne trouvent plus d’habitat favorable.
Amanda Rodenwald, Cornell Lab of Ornithology
Côté café, la situation n’est pas moins préoccupante. « Au cours des dernières décennies, la plupart du café sous ombrage [cultivé à l’ombre d’une canopée formée d’arbres matures, NDLR] en Amérique latine a été converti en monocultures gérées de façon intensive et dépourvues d’arbres ou d’autres plantes, alerte Amanda Rodenwald, professeure à l’institut Cornell Lab of Ornithology (États-Unis). En conséquence, nombre d’oiseaux ne trouvent plus d’habitat favorable, ce qui leur laisse de maigres chances de survivre à leur migration et de se reproduire avec succès. » Si le grand public méconnaît ce triste constat, les passionnés d’oiseaux, eux, se montreraient-ils plus attentifs à cet égard au moment de réaliser leurs achats ? Sur quelque 912 ornithologues amateurs interrogés par A. Rodenwald et son équipe, près de la moitié (49 %) disaient prendre en compte la préservation des oiseaux dans leur consommation de café (People and Nature, 01/03/2021). Un « score » qui pourrait être amélioré grâce à des campagnes de sensibilisation, estiment les scientifiques.
Consomm-acteur : quel label choisir ?
La multiplication des labels cause des problèmes de confusion et d’incertitude auprès des consommateurs.
QuébecOiseaux
Bio, équitable, durable… Dans la jungle des certifications, difficile de s’y retrouver ! « La multiplication des labels a permis d’élargir l’offre des produits durables, mais elle cause des problèmes de confusion et d’incertitude auprès des consommateurs », s’inquiète l’ONG QuébecOiseaux. Ainsi, dans le cahier des charges de chaque label, les trois critères les plus cruciaux pour préserver les volatiles – à savoir : le couvert forestier, la prise en compte de la biodiversité, et la non-utilisation d’intrants chimiques (pesticides et engrais) – ne sont pas forcément renseignés. Selon le comparatif dressé par l’ONG québécoise, si le label « Agriculture biologique » implique la non utilisation de phytosanitaires chimiques, il n’assure pas en revanche la présence d’un couvert forestier de qualité pour les oiseaux. Même problème avec le label durable « Rainforest Alliance » ou celui de commerce équitable « Fair Trade Max Havelaar », ce dernier offrant aux producteurs une juste rémunération de leur labeur et interdisant le travail des enfants de moins de 15 ans. Globalement, parmi les labels analysés, seule la certification « Bird Friendly » – basée sur les préconisations de l’institut de recherche américain Smithsonian – requiert la mise en œuvre d’un couvert forestier procurant aux oiseaux un habitat favorable. Des produits toutefois disponibles… uniquement sur le continent américain.
Lire les étiquettes d’un œil neuf
Outre les labels, l’origine géographique peut également être un indice. Selon une étude réalisée par l’ONG « Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne » (BASIC), sur les 54 pays producteurs de café dans le monde, chaque nation se différencie par son modèle agricole. Si le Brésil – représentant un tiers de la production mondiale, devant le Vietnam et la Colombie – mise sur des variétés « sous soleil » (absence de couvert forestier), sur une forte mécanisation et sur l’usage massif d’engrais et de pesticides, l’Éthiopie se distingue en revanche par des variétés « sous ombrage » (couvert forestier plus ou moins important), par un travail davantage familial et par la non-utilisation d’intrants chimiques (« Café : la success story qui cache la crise », 2018). Des tendances générales qui recouvrent néanmoins une réalité parfois plus nuancée à l’échelle locale. De quoi, en tout cas, scruter d’un œil neuf les étiquettes !
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