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Valence déclare sa flamme à une francophonie moribonde

Les tours Serrano dans le centre-ville de Valence, en avril 2020. JOSE JORDAN / AFP

LETTRE DE MADRID

Ouvert depuis 1888, l’Institut français de Valence fermera définitivement ses portes au public mercredi 30 juin. Et mettra fin à cent trente-trois ans d’histoire dans la troisième ville d’Espagne. La mobilisation des employés, des élèves et des assidus de ce centre culturel situé en plein cœur de la cité méditerranéenne n’y aura rien fait. Pas plus que les 11 000 signatures rassemblées sur le site Change.org, ou les nombreuses tribunes écrites dans la presse par des personnalités du monde culturel, économique ou politique de Valence. Ainsi en a décidé le ministère français des affaires étrangères, qui invoque un déficit cumulé de 250 000 euros depuis 2014, tout en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas là d’une fermeture, mais d’une « modification du modèle existant ».

Sur les vingt-six salariés, vingt-trois ont été licenciés, dont dix-sept professeurs. Les trois emplois maintenus doivent se « recentrer sur [les] missions prioritaires [que sont la] coopération éducative, culturelle et universitaire, et [l]’organisation des certifications de français (DELF, DALF, etc.) », a souligné l’Institut français dans un communiqué. Fini, donc, les cours de langue française, les activités culturelles, les séances de cinéma, les concerts et les conférences dans l’auditorium, ou l’accès à la médiathèque, forte de 15 000 livres, CD et DVD.

« En 2018, nous avions reçu une inspection générale du ministère, qui nous a donné deux ans pour redresser nos comptes, et en 2019 nous sommes parvenus à réduire le déficit à 5 000 euros, au lieu de 34 000 euros. L’année 2020 a été exceptionnelle du fait de la pandémie. Nous étions persuadés qu’elle ne serait pas prise en considération et que nous pourrions obtenir un délai supplémentaire, regrette Bruno Laurent, bibliothécaire et représentant du personnel. Pour nous, le déficit est une excuse du ministère : il aurait suffi d’une bonne gestion pour remonter la pente, et ils n’ont même pas cherché à proposer des départs volontaires ou en retraite anticipée. »

De très lucratives certifications

De nombreux Instituts français ont disparu ces quinze dernières années dans plusieurs villes d’Europe, à commencer par celui de Séville, en 2006, remplacé par une maigre délégation chargée d’établir des partenariats avec les institutions locales et de faire passer les certifications de français, très lucratives – c’est ce qu’il est prévu de mettre en place à Valence. Les Instituts français de Turin, Venise, Porto ou Amsterdam ont fait les frais d’une même redéfinition des priorités et de réduction des coûts, visant aussi à valoriser le parc immobilier de l’Etat. L’Institut français de Vienne, le palais néoclassique Clam-Gallas, a ainsi été vendu à l’ambassade du Qatar en 2015. Le bâtiment de Valence, lui, est une maison seigneuriale datant de 1850.

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