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Le Cambodge mise sur la blockchain pour réduire sa dépendance au dollar

Serey Chea, la directrice générale de la Banque nationale du Cambodge, à Phnom Penh, le 28 octobre 2020. KYODO/MAXPPP

Comment s’inspirer des technologies des cryptodevises pour renforcer les systèmes de paiement et les monnaies traditionnelles ? Depuis quelques mois, les grandes banques centrales se sont lancées dans une course à l’innovation sur le sujet. Certains des projets les plus aboutis sont aujourd’hui menés dans les pays émergents ou à revenus intermédiaires – à l’exemple de la Chine, qui expérimente déjà un yuan numérique, ou encore du Cambodge. « Paradoxalement, avoir un système financier jeune et encore peu développé nous permet de tester des choses en prenant moins de risques que dans les pays où il est déjà très efficace et intégré », résume Serey Chea, la directrice générale de la Banque nationale du Cambodge (BNC).

En octobre 2020, après une phase de test et quatre ans de travail, le pays a lancé le bakong system, un système de paiement mobile basé sur la blockchain, cette technologie permettant de valider et répertorier les transactions, sur laquelle repose également le bitcoin. Le bakong, dont le nom s’inspire d’un temple d’Angkor, se présente sous forme d’une application mobile fonctionnant comme un portefeuille numérique.

Un enjeu de souveraineté

Il permet de transférer de l’argent simplement et instantanément, y compris pour les personnes ne disposant pas de compte en banque, et de réaliser des paiements en scannant des QR codes. « Notre objectif est que cette plate-forme contribue à renforcer l’inclusion financière et à réduire les inégalités sociales, car très peu de personnes disposent d’un compte bancaire dans les campagnes », souligne Serey Chea. Or, plus de 75 % de la population du Cambodge, soit 16,4 millions d’habitants, vivent en zone rurale.

Le bakong est donc un système de paiement, que la BNC a développé avec une start-up japonaise, Soramitsu, en partenariat avec les institutions financières du pays. Le but est également de développer l’interopérabilité entre ces dernières, jusqu’ici limitée. Le bakong permet aux Cambodgiens de transférer des sommes en riels, la monnaie locale, ou bien en dollars. Car l’économie cambodgienne est fortement « dollarisée » : le billet vert représente près de 70 % de la monnaie en circulation dans le royaume.

Le baht thaïlandais, le kip laotien et le dông vietnamien sont massivement utilisés dans les zones frontalières

Cela tient à l’histoire : au début des années 1990, lorsque le pays était sous administration provisoire de l’Organisation des Nations Unies, l’inflation était galopante, et les Cambodgiens se sont massivement tournés vers la devise américaine, en laquelle ils avaient bien plus confiance. Aujourd’hui encore, ils réalisent une grande partie de leurs achats quotidiens en dollar, et en liquide.

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