L’effet de loupe produit par l’affaire George Floyd sur les décisions de justice concernant des policiers impliqués dans des homicides n’y est sans doute pas étranger, mais plusieurs affaires moins médiatiques seront scrutées de près dans les prochains mois aux Etats-Unis. L’ouverture de procès ou l’annonce de condamnations sont attendues à travers le pays. Les juges et les procureurs ont beau rappeler régulièrement que les décisions de justice ne dépendent ni d’un contexte politique ni de l’opinion publique, l’issue de ces différentes affaires pourrait donner des indications sur les effets de l’affaire Floyd et la manière dont la justice aborde désormais les poursuites contre des policiers dans l’exercice de leurs fonctions.
Ainsi, dans l’Alabama, un officier de police, William Darby, inculpé de meurtre, devrait connaître sa sentence en août. En 2018, il avait tiré sur un homme menaçant de se suicider dans son salon, alors que sa collègue tentait d’apaiser la situation. Le procès d’un officier de police texan doit aussi s’ouvrir en août : appelé sur les lieux par un voisin qui s’inquiétait de voir « une fenêtre ouverte », il avait fait feu sans sommation, tuant une jeune femme noire qui jouait à des jeux vidéo avec son neveu de 8 ans dans la maison. Dans l’Etat de Washington, Jeffrey Nelson sera, à l’automne, le premier policier jugé pour meurtre depuis que les autorités ont simplifié les procédures pour poursuivre des officiers de police ayant fait un usage excessif de la force. Il avait tiré à deux reprises sur un jeune homme non armé se comportant de manière erratique dans la rue. Il a invoqué la légitime défense.
Un millier de personnes tuées chaque année par la police
En avril, en plein procès Chauvin, une policière de la banlieue de Minneapolis a, elle, été inculpée d’homicide involontaire pour avoir tué un jeune homme noir lors d’un banal contrôle routier. Elle risque dix ans de prison. Quelques semaines plus tard, un policier de Virginie a été reconnu coupable du meurtre d’un homme abattu dans son véhicule, tandis que trois policiers de l’Etat de Washington ont été poursuivis pour avoir asphyxié un homme noir. En juin, trois policiers de Hawaï ont à leur tour été accusés de meurtre ou complicité de meurtre pour avoir tiré sur un adolescent de 16 ans.
Ces cas ne représentent qu’une partie des tirs meurtriers commis par des policiers en service. Chaque année, un millier de personnes sont tuées par la police. La plupart sont armées et l’immense majorité de ces interventions ne donne pas lieu à des poursuites. Selon un décompte de l’université de Bowling Green (Ohio), depuis quinze ans, 143 policiers ont été poursuivis pour homicide, mais 53 ont été acquittés et seuls neuf ont été reconnus coupables de meurtre. Une autre partie d’entre eux a été condamnée pour des motifs moins graves qu’un homicide. Quarante-cinq affaires sont toujours en suspens.
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