A l’issue d’un sommet européen où la nouvelle loi hongroise contre la « promotion de l’homosexualité auprès des mineurs » a provoqué un vif débat, le président français, Emmanuel Macron, a alerté, vendredi 25 juin, sur le besoin de contrer « la montée de l’illibéralisme » en Europe, sans pour autant tancer le champion de ce courant, le premier ministre hongrois, Viktor Orban. « C’est une bataille culturelle, civilisationnelle que nous devons mener » face au « recul dans les esprits et les mentalités » des sociétés en Hongrie, en Pologne et ailleurs, a déclaré le chef de l’Etat français à Bruxelles. « Ce n’est pas un problème Orban, c’est un problème plus profond », a-t-il longuement défendu, constatant « une division Est-Ouest » sur la question des valeurs européennes.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le « Viktator », ainsi que le surnomment ses détracteurs, s’attelle à bâtir une démocratie « illibérale » et s’est attaqué à l’indépendance de la justice, à la liberté de la presse et aux droits des minorités, récemment ceux de la communauté LGBT. Une tendance qui touche aussi la Pologne depuis 2015. Mais, selon Laurent Pech, professeur de droit européen à l’université du Middlesex à Londres, « ce n’est pas une question civilisationnelle ou culturelle. Dire cela, c’est faire le jeu de Viktor Orban. On a là une dérive autoritaire qui utilise les questions sociétales pour se masquer et distraire les gens du démantèlement de l’Etat de droit et de la démocratie ».
Refus de lier « les valeurs et l’argent »
D’autres leaders européens n’ont pas hésité à tenir des propos durs envers leur homologue hongrois, dont le parti ultraconservateur Fidesz a adopté, le 15 juin, une loi interdisant la « promotion de l’homosexualité auprès des mineurs », dans le cadre d’un arsenal visant à protéger les enfants de la pédophilie et de la pornographie. Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, est allé jusqu’à inviter M. Orban à activer l’article 50 du traité sur l’UE, qui prévoit un mécanisme de retrait volontaire et de l’Union, si les règles ne lui conviennent pas.
Interrogée à ce sujet, la chancelière Angela Merkel – issue du puissant Parti populaire européen, qui ne s’est séparé du Fidesz qu’en mars 2021 – a botté en touche. M. Macron a, lui, estimé que la réponse ne se trouve pas dans le départ de la Hongrie de l’UE, qui risquerait de pousser les citoyens à « se sentir plus proches des valeurs des antilibéraux russes, voire chinois ». Tout comme il a rejeté l’idée de lier « les valeurs et l’argent » dans le cadre européen, puisque « l’Europe est constitutionnellement, ontologiquement attachée à ces valeurs ».
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