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Au Guatemala, les minorités sexuelles en danger permanent

Avant les funérailles d’Andrea Gonzalez, à Guatemala, le 13 juin 2021. JOHAN ORDONEZ / AFP

Son cercueil est recouvert du drapeau de la cause transgenre, aux bandes bleues, roses et blanche. Sur un morceau de papier, on aperçoit son portrait, dessiné par un de ses proches. Elle y est représentée debout, joyeuse, entourée des mots « Merci pour ta lutte, camarade ! » Lundi 14 juin, Andrea Gonzalez, femme transgenre de 28 ans et dirigeante d’Otrans, l’un des groupes de défense des droits des personnes transgenres les plus importants du Guatemala, a été enterrée par ses proches, à Guatemala. Elle avait été assassinée par balles, trois jours plus tôt, dans le centre historique de la capitale de ce pays d’Amérique centrale.

Au Guatemala, les crimes contre les personnes LGBT se multiplient de façon spectaculaire depuis le début du mois de juin, « mois des fiertés » dans le monde. Deux jours à peine avant l’assassinat de Mme Gonzalez, une autre membre d’Otrans, Cecy Ixpata, avait également succombé à des blessures qui lui avaient été infligées. Le 14 juin, José Manuel Villeda, un jeune homosexuel de 22 ans, a lui aussi été retrouvé mort à Morales, dans l’est du pays.

Cette série d’assassinats a alerté Human Rights Watch. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, citant des sources locales, ces trois meurtres portent à 13 le nombre de personnes LGBT tuées au Guatemala sur les six premiers mois de 2021. Sur l’ensemble de l’année 2020, l’Observatoire guatémaltèque des droits humains en avait recensé 19. Cette insécurité chronique fait du pays l’un des endroits les plus dangereux d’Amérique latine pour les minorités sexuelles.

Une « conjoncture politique dangereuse »

A chaque meurtre, la communauté LGBT du pays peut compter sur le soutien des ONG et des organisations internationales. Lorsque l’assassinat d’Andrea Gonzalez a été rendu public dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 juin, le réseau RedLacTrans, qui réunit des collectifs transgenres de vingt-trois pays d’Amérique latine et dont faisait également partie Mme Gonzalez, a célébré sur Twitter la mémoire d’une femme « combative », et d’une « leader indiscutable » tuée « par les balles de la haine, du patriarcat et de l’absence de l’Etat ». Plusieurs ambassades de pays étrangers implantées au Guatemala ont également fait part de leur émotion, dont celle des Etats-Unis, qui a rappelé l’implication de la militante auprès de l’Agence américaine pour le développement international (Usaid).

Sur place, en revanche, les organisations de défense des droits des LGBT semblent bien seules face à la violence. « Nous faisons face à une conjoncture politique négative et dangereuse », assène Stacy Velasquez, directrice exécutive d’Otrans, le collectif endeuillé par la perte de deux militantes. Depuis sa prise de fonction en janvier 2020, le président conservateur Alejandro Giammattei, que Mme Velasquez qualifie d’« évangélique » en raison de sa proximité avec les milieux religieux, refuse toute avancée en matière de droits des LGBT. Pendant la campagne qui l’a porté au pouvoir, il s’est notamment prononcé contre le mariage entre personnes de même sexe. De toutes les institutions étatiques, seul le bureau du défenseur des droits, financé par le Parlement, prend en compte les revendications du mouvement et s’émeut des violences subies par les minorités sexuelles. Ce soutien a valu au défenseur des droits des pressions et des baisses de financement.

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