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Jean Guéguinou, ambassadeur de France, est mort

Jean Guéguinou, à Londres, en novembre 1997. PAUL VICENTE / AFP

Grand serviteur de l’Etat, élevé à la dignité d’ambassadeur de France au crépuscule d’une riche carrière, ancien porte-parole du Quai d’Orsay, Jean Guéguinou incarnait avec finesse et intelligence une vision classique de la diplomatie, qui embrassait à ses yeux l’action culturelle. Il est mort le 21 juin, à Paris, à l’âge de 79 ans.

Né le 17 octobre 1941 à Carhaix (Finistère), Jean Guéguinou se considérait comme un produit classique de la France républicaine : issu d’une famille de marins et de meuniers, petit-fils de fonctionnaires, fils de pharmaciens, il sort de l’ENA (promotion Marcel-Proust) en 1967 et choisit le ministère des affaires étrangères. Ses années d’apprentissage au Quai d’Orsay l’emmènent rapidement à l’ambassade de France à Londres d’où, en mai 1969, il est envoyé rejoindre le général de Gaulle dans son exil irlandais, une rencontre qui le marquera profondément. Il poursuit sa carrière ensuite à l’ombre du gaullisme comme chef de cabinet de Michel Debré, alors ministre de la défense. Puis il rejoint le cabinet de Michel Jobert, ministre des affaires étrangères.

Viennent ensuite les postes de pure diplomatie, dans des périodes où l’histoire se vit en direct. D’abord consul général à Jérusalem, il est nommé ambassadeur en Tchécoslovaquie juste après la chute du régime communiste, en 1990 : c’est au nouveau président Vaclav Havel qu’il remet ses lettres de créance. Il y assiste à la partition du pays en 1992, à la suite duquel il devient ambassadeur en République tchèque. Il retourne à Londres, cette fois au poste d’ambassadeur, en 1993 ; il va y passer cinq années intenses, qui voient l’ouverture du tunnel sous la Manche, le retour du Labour au pouvoir sous l’impulsion de Tony Blair, la famille royale bouleversée par la mort de la princesse Diana à Paris.

Il déploie pendant ce séjour en Grande-Bretagne son talent pour l’action culturelle et sa passion pour l’art. Convaincu que le rayonnement de la culture française à l’étranger fait partie de la diplomatie, il poursuivra sur cette voie à l’Unesco, où il représente la France de 2002 à 2006. Il y parachève l’adoption de la convention sur la diversité culturelle, une initiative portée par le président Jacques Chirac. Un peu plus tard, il présidera CulturesFrance pendant plusieurs années, avant que cet organisme ne devienne l’Institut français.

Une certaine idée de la diplomatie

Au Quai d’Orsay, Jean Guéninou a occupé deux autres postes qui l’ont amené à mettre à contribution deux facettes différentes de sa personnalité : directeur de l’information et de la presse et porte-parole du ministère, apprécié des journalistes pour son immense courtoisie et sa disponibilité. Il a exercé cette fonction aux côtés successivement de deux ministres appartenant à des majorités opposées, Jean-Bernard Raimond puis Roland Dumas, à l’époque mouvementée de l’effondrement du bloc soviétique et de la recomposition de l’Europe. L’autre poste a été celui d’ambassadeur près le Saint-Siège, auprès du pape Jean Paul II. Chrétien pratiquant, il a maintenu jusqu’à la fin des liens forts avec plusieurs associations liées à l’Eglise catholique, parallèlement à son engagement dans de nombreuses institutions culturelles, musées et patrimoines, aux côtés de son compagnon de longue date Luc Bouniol-Laffont.

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