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Imran Khan n’est « pas sûr » que les Ouïgours soient victimes de répression en Chine

Le premier ministre pakistanais Imran Khan s’exprime lors d’un entretien avec Reuters à Islamabad, Pakistan, le 4 juin 2021. SAIYNA BASHIR / REUTERS

Toujours prompt à dénoncer l’islamophobie qui ronge, selon lui, l’Europe et les Etats-Unis, Imran Khan ferme délibérément les yeux sur les persécutions dont sont victimes les Ouïgours, minorité musulmane installée pour l’essentiel aux portes du Pakistan, dans la province chinoise du Xinjiang. Interrogé, dimanche 20 juin, par un journaliste du site d’information américain Axios, le premier ministre pakistanais a mis en doute la répression sévère exercée dans l’ouest de la Chine par le régime de Xi Jinping contre 11,5 millions de turcophones sunnites vivant dans cette région depuis des siècles.

Sur les détentions arbitraires, les tortures, les campagnes de stérilisation et le travail forcé dont sont notoirement victimes les Ouïgours, dont un million sont détenus dans des camps de « déradicalisation », dénoncés régulièrement par l’ONU, M. Khan déclare ne pas « être sûr de ce que l’on raconte » et rétorque que, « selon les Chinois, ce n’est pas le cas ». Comme s’il n’avait pas entendu les quantités de témoignages ni vu les images par satellite qui parviennent au monde entier depuis 2017.

« Quels que soient les problèmes que nous avons avec les Chinois, nous leur parlons à huis clos », se contente de répéter M. Khan. L’ancien capitaine de l’équipe nationale de cricket, au pouvoir depuis août 2018, fait valoir que la Chine « a été l’un des plus grands amis » du Pakistan. « Lorsque nous étions vraiment en difficulté, que notre économie était à la peine, la Chine est venue à notre secours. Nous respectons donc sa façon d’être », explique-t-il.

Internement de masse

Garde-t-il le silence en raison des dizaines de milliards de dollars que Pékin injecte dans son pays, pour beaucoup sous forme de prêts, au point de représenter aujourd’hui environ les deux tiers des investissements étrangers au Pakistan ? « Je regarde ce qui se passe en Palestine, en Libye, en Somalie, en Syrie, en Afghanistan… Vais-je commencer à parler de tout ? Je me concentre sur ce qui se passe à ma frontière, dans mon pays », prétend-il pour évoquer la question du Cachemire, que le Pakistan dispute à l’Inde depuis 1947.

D’après lui, « 100 000 Cachemiris ont été tués » et « 9 millions emprisonnés » depuis lors, tandis que « 800 000 soldats indiens sont postés » sur la ligne de cessez-le-feu. Or, l’Occident fait preuve d’« hypocrisie », avance M. Khan, à l’égard d’une situation « qui concerne plus le Pakistan que ce qui se passe partout ailleurs dans le monde ». Et notamment en Chine, où l’internement de masse des musulmans peut manifestement se poursuivre avec son aval.

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