Orages, grêle, gel, sécheresse… D’année en année, les aléas climatiques de forte intensité se multiplient en France, emportant à chaque fois sur leur passage de nombreuses cultures. « C’est de pire en pire, toutes les régions sont maintenant touchées, même la Normandie qui y échappait auparavant, précise Joël Limouzin, vice-président FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) en charge de la gestion des risques. Nous faisons face à des tornades spectaculaires, qui emportent même les toits des bâtiments. Ce type de phénomène n’avait lieu qu’aux Etats-Unis précédemment. »
Face à ces pertes, comment les agriculteurs peuvent-ils s’en sortir? Pour l’épisode de gel du mois d’avril dernier, l’Etat a lâché une enveloppe d’un milliard d’euros dont les détails ont été débattus à l’Assemblée nationale ce mercredi 23 juin: le doublement de l’enveloppe associée aux aléas climatiques, une année blanche des cotisations sociales, un fond d’urgence de 20 millions d’euros ou encore un soutien pour ceux qui ont souscrit des assurances… Mais pour les épisodes de grêle de ces derniers jours, aucune mesure d’urgence n’a encore été annoncée.
« Les expertises sont toujours en cours et surtout la grêle fait partie des phénomènes couverts par les assurances, a contrario du gel. Cette fois-ci, c’est donc aux assureurs et non à l’Etat de venir au secours
Une mutualisation entre l’Etat, les assureurs et les acteurs de la filière
Les conséquences financières peuvent être lourdes pour ces agriculteurs touchés. Dans L’Yonne, fortement impacté par les orages la semaine dernière, certaines exploitations ont perdu 80 à 100% de leurs cultures. Sachant que les expertises ne sont pas terminées, les pertes ne sont pas encore chiffrées mais « certains exploitants ne vont pas redémarrer, c’est sûr » selon Joël Limouzin.
Face à l’ampleur de ces phénomènes, la FNSEA propose un dispositif qui rassemblerait les systèmes d’assurances et les mesures de solidarité nationale et qui serait cogéré par la fédération, rassemblant les acteurs de la filière. « Les mesures valables il y a 50 ans ne tiennent plus aujourd’hui, à cause du changement climatique. La situation météorologique va plus vite que les mesures d’urgence, il faut une nouvelle réforme », explique Joël Limouzin.
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Cette idée est actuellement discutée et abordée au « Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique », lancée fin mai par le gouvernement. Le but ultime de ces discussions entre acteurs de la filière, assureurs et l’Etat est de modifier les dispositifs actuels d’indemnisation des pertes agricoles, dont le fonds des calamités agricoles, pour ne plus agir dans l’urgence, mais en amont. « Le président de la République a affiché son ambition de souveraineté alimentaire. La seule manière d’y arriver est de mettre sur la table un volume budgétaire important pour préserver la filière agricole et donc de combiner le système assurantiel avec la solidarité nationale. A la FNSEA, on considère qu’au-dessus de 20% des pertes, les exploitants doivent être accompagnés et rapidement. Cette mutualisation pourrait aider », précise Joël Limouzin.
Notre agriculture fait face à des défis majeurs liés au changement climatique.
Ces défis, il faut les affronter et proposer des solutions concrètes pour adapter notre agriculture et mieux la protéger.
C’est le sens de ce Varenne agricole lancé la semaine dernière avec @b_abba. pic.twitter.com/zj21UjDSy1
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) June 4, 2021
D’autres pistes vont être abordées au « Varenne de l’eau » et notamment les mesures de prévention des risques qui peuvent être prises comme le stockage de l’eau, ou son évacuation, ainsi que des systèmes d’antigel. « Nous espérons des premières décisions avant l’été. Nous avons très peur d’une forte sécheresse en juillet-aout, ce qui toucherait encore nos cultures, ainsi que nos élevages », conclut Joël Limouzin. Un groupe d’experts de Météo-France et de Mercator Océan s’attendent à des températures plus sèches et chaudes que la normale. Seul le nord et nord-ouest pourraient éventuellement y échapper, selon les dernières prévisions.
La loi Egalim pour une meilleure rémunération des agriculteurs discutée ce jeudi 24 juin à l’Assemblée nationale
La proposition de loi du député Grégory Besson-Moreau visant à « protéger la rémunération des agriculteurs » débute ce jeudi en séance publique à l’Assemblée nationale. Celle-ci reprend le rapport Papin sur les négociations commerciales qui préconisait la sanctuarisation du prix de la production agricole, l’instauration d’un tiers de confiance pour vérifier le bon respect des prix agricoles dans les contrats des industriels et la multiplication des contrats pluriannuels. Les débats risquent d’être mouvementés: 460 amendements ont été déposés sur différents sujets comme les tarifs des industriels pour les distributeurs.
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