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Les frustrations contenues de la France après la tournée de Biden en Europe

Les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron lors du sommet du G7, à Carbis Bay (Angleterre), le 11 juin 2021. PHIL NOBLE / AFP

Il fallait s’y attendre : Joe Biden a pris la lumière, lors de sa première tournée européenne. Son slogan rituel, « America is back », implique des retrouvailles. Mais il suggère aussi que son pays est l’astre solaire occidental, comme si ses alliés s’étaient rongé les sangs pendant quatre ans en l’attendant.

Or les Européens ont été les gardiens du multilatéralisme au cours de cette ère Trump corrosive, rappelle souvent Emmanuel Macron : préservation de l’accord de Paris sur le climat et du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) sur le nucléaire iranien, débat sans précédent sur la souveraineté européenne, lancement de l’initiative ACT-A, en 2020, pour permettre un partage des capacités de lutte contre la Covid-19 avec les pays les plus vulnérables…

« Sur le plan de la communication, ça peut être frustrant, explique le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune. Les Américains donnent l’impression qu’ils sont leaders sur le plan climatique, la vaccination du monde, la taxation du numérique, alors qu’ils ont bloqué les dossiers pendant quatre ans. Aujourd’hui, ce sont eux qui se rallient aux positions européennes. »

L’avènement d’une administration démocrate prônant la coopération, le droit international et les vertus de l’alliance transatlantique joue comme un aimant. « Joe Biden a endossé le rôle de leader du monde libre avec confiance et habileté au cours de ce voyage », s’est réjoui Jake Sullivan, son conseiller à la sécurité nationale, de retour aux Etats-Unis. Le président américain a abordé un large spectre de sujets avec ses interlocuteurs, mais en conservant la ligne d’horizon unique de sa diplomatie : la rivalité avec la Chine.

« L’agenda transatlantique a changé de nature »

« Nous ne sommes pas dans l’euphorie complaisante, qu’on pouvait craindre il y a quelques mois, dans les retrouvailles avec les Etats-Unis, précise Clément Beaune. L’agenda transatlantique a changé de nature, la sécurité n’est plus seule en haut de la liste, tout ne se résume plus à l’OTAN. » La France et l’Allemagne, au cours des sommets du G7 et de l’Alliance, ont tenté de peser ensemble face aux Etats-Unis pour adoucir les éléments de langage sur la Chine, souhaités par Washington.

Jake Sullivan, lui, s’est félicité que le G7 ait promu un projet, encore très théorique, appelé Build Back Better World (B3W) qui se veut une alternative écologique et transparente aux « nouvelles routes de la soie » lancées par Pékin. Le conseiller du président souligne aussi que l’OTAN mentionne nommément la Chine dans son long communiqué final. Le nouveau concept stratégique de l’Alliance, en gestation lente, devra prendre en compte ce pays.

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