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Les économistes au chevet de l’économie post-Covid

La commission d’économistes mandatée par Emmanuel Macron pour réfléchir aux défis de l’économie post-Covid a remis mercredi ses propositions, conçues comme une « boîte à outils » sur les retraites, l’emploi ou le climat, à moins d’un an de l’élection présidentielle.

Pilotée par le prix Nobel Jean Tirole et l’ancien chef économiste du FMI Olivier Blanchard, cette commission de 26 économistes français et étrangers s’est penchée sur la lutte contre le changement climatique, les inégalités et l’adaptation au vieillissement de la population.

Le rapport de 500 pages, fruit d’un an de travail, était attendu plus tôt, mais la troisième vague de l’épidémie a retardé sa publication.

Censé « repenser nos dogmes économiques à l’échelle française, européenne et internationale », selon le souhait du président de la République, ce rapport se concentre finalement surtout sur les enjeux français.

L’objectif n’est pas de présenter des « solutions clés en main », a prévenu Jean Tirole lors d’une présentation à la presse, à l’inverse de la commission Attali lancée par Nicolas Sarkozy en 2007.

Une boite à outils

« Nous nous sommes concentrés sur les grands principes et les grandes lignes des réformes ». « On propose une boîte à outils, des idées », et si Emmanuel Macron et d’autres candidats à la présidentielle les adoptent, « c’est génial », a-t-il ajouté.

« On offre un bien public, on espère qu’on convaincra un certain nombre de gens », a souligné M. Blanchard.

Le rapport mêle des réflexions plutôt académiques, par exemple sur l’ambition de définir et développer des emplois « de qualité », et des propositions de réformes très concrètes, prenant exemple sur des modèles étrangers.

Les auteurs défendent la nécessité d’une réforme globale des retraites sur la base d’un système universel à points, comme celui proposé par le gouvernement en 2019, mais en l’améliorant pour le rendre plus acceptable.

Autre proposition novatrice: une refonte de l’impôt sur les successions, qui se focaliserait sur les héritiers et non sur les donateurs, et cela afin de résorber l’inégalité des chances, criante en France.

Pour atteindre ce dernier objectif, le rapport préconise d’investir bien davantage dans l’éducation et la formation professionnelle, en améliorant notamment les interactions entre Pôle emploi et les entreprises.

Sur la lutte contre le changement climatique, il défend la mise en place d’une tarification du carbone ambitieuse au niveau européen, via une réforme du marché des quotas existant, en incluant les secteurs aujourd’hui exclus comme le logement et les transports, associée à un mécanisme de taxe carbone aux frontières.

Il recommande aussi d’investir davantage dans la recherche en créant une instance européenne dédiée, et de développer les normes et les interdictions.

Les auteurs reconnaissent qu’ils n’ont pas chiffré le coût de ces réformes, même si « certaines sont autofinancées », puisque par exemple les recettes d’une tarification carbone doivent permettre d’indemniser ceux qui vont en souffrir, a expliqué Jean Tirole.

Pour Olivier Blanchard, l’enjeu n’est pas tellement financier. Dans le contexte des taux bas, « il n’y a pas de crise de dette publique à ce stade », donc « si on fait de l’investissement qui permet d’éviter des catastrophes dans le futur ou d’améliorer la croissance, on peut se permettre d’augmenter la dette ».

« Phase d’écoute »

Pas question pour l’Elysée de commenter à ce stade les propositions sur le fond, alors que le chef de l’Etat est dans une « phase d’écoute » du pays.

« Ce qu’on en retient, plus que telles ou telles mesures, c’est surtout l’approche, le cadre d’analyse global. (…) C’est un rapport qui alerte contre les recettes toutes faites », affirme-t-on.

La réforme des retraites proposée? « C’est un choix autonome de la commission de consacrer une large part du chapitre sur la démographie au système des retraites », commente-t-on.

La refonte de l’impôt sur les successions, alors qu’Emmanuel Macron avait affirmé après le mouvement des gilets jaunes qu’il n’était pas question d’y toucher « tant qu'(il) serai(t) là »? Le rapport insiste sur la nécessité de « taxer mieux » en France, alors que le poids de la fiscalité y est plus important qu’ailleurs, répond l’Elysée.

Après les récents rapports de la Cour des comptes et de la commission Arthuis sur les finances publiques, les recommandations d’experts en matière de politique économique s’accumulent en tout cas sur la table de l’exécutif, à moins d’un an de la présidentielle.

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