Publié le : 23/06/2021 – 12:52
Les dirigeants indépendantistes catalans incarcérés après la tentative de sécession de la région, en 2017, sont sortis de prison, mercredi. Il avaient été graciés par le gouvernement espagnol le 22 juin.
Les indépendantistes catalans graciés mardi par le gouvernement espagnol sont sortis de prison, mercredi 23 juin, après plus de trois ans derrière les barreaux. Une libération destinée à « tourner la page » de la tentative de sécession de 2017.
Acclamés par des militants indépendantistes, sept d’entre eux ont quitté la prison de Lledoners à Sant Joan de Vilatorrada vers 12 h (10 h GMT), au Nord-Ouest de Barcelone, a constaté l’AFP sur place. Ils ont été accueillis par le président régional catalan, Pere Aragonès.
Parmi eux, Oriol Junqueras, ex-vice président du gouvernement régional indépendantiste de Carles Puigdemont qui avait écopé de la peine la plus lourde avec 13 ans de prison, et Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, dirigeants de puissantes associations indépendantistes lors de la tentative de sécession.
Les deux autres graciées, l’ex-présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, et l’ex-membre du gouvernement régional, Dolors Bassa, sont sorties à peu près au même moment de deux autres prisons de femmes où elles étaient incarcérées en Catalogne.
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« En finir une fois pour toutes avec la division et l’affrontement »
Sous la pluie, devant la prison de Lledoners, Ignasi Solé, mécanicien à la retraite âgé de 65 ans, a indiqué avoir voulu « remercier » ceux que les indépendantistes qualifiaient de « prisonniers politiques » pour « le sacrifice qu’ils ont fait pour la Catalogne ».
Annoncées en grande pompe lundi par le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, cette grâce, approuvée formellement mardi, doit marquer selon lui « une nouvelle étape de dialogue » destinée à « en finir une fois pour toutes avec la division et l’affrontement ».
Ces neuf dirigeants séparatistes avaient été arrêtés puis condamnés à des peines allant de 9 à 13 ans de prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, marquée par l’organisation d’un référendum d’autodétermination le 1er octobre. Une consultation interdite par la justice et émaillée de violences policières dont les images avaient fait le tour du monde.
Le Parlement régional catalan avait ensuite voté, quelques semaines plus tard, une vaine déclaration unilatérale d’indépendance. En réponse, Madrid avait destitué le gouvernement régional et mis la région autonome sous tutelle. Plusieurs membres du gouvernement catalan avaient fui à l’étranger, dont Carles Puigdemont, aujourd’hui en Belgique et toujours visé par un mandat d’arrêt en Espagne.
La tentative de sécession de cette riche région du Nord-Est de l’Espagne peuplée de 7,8 millions d’habitants a constitué l’une des pires crises politiques vécues par l’Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
« Amnistie » ou « trahison »
Partielle, cette grâce ne lève pas la peine d’inéligibilité à laquelle ces indépendantistes avaient été condamnés. Elle est aussi « conditionnée » au fait qu’ils ne commettent pas un « nouveau délit grave » pendant trois à six ans.
« C’est le moment. Il n’y a pas de moment plus propice pour nous unir que celui-ci », a encore affirmé Pedro Sanchez dans une tribune publiée mercredi par le quotidien El Pais.
Si le Premier ministre, qui doit bientôt reprendre les négociations avec le gouvernement séparatiste catalan afin de tenter de trouver une issue à la crise, a souligné que ce « nouveau chemin » devait permettre de « tourner la page » de 2017, il a toutefois martelé que « sans l’Espagne, la Catalogne ne serait ni européenne, ni prospère ni plurielle ».
Une manière de réaffirmer son opposition à l’indépendance de la région alors que les indépendantistes campent toujours sur leur exigence d’un référendum d’autodétermination. Ils continuent par ailleurs de réclamer une amnistie totale, c’est-à-dire un effacement du délit, pour toutes les personnes condamnées ou poursuivies comme Carles Puigdemont.
L’opposition de droite accuse, elle, Pedro Sanchez de « trahison » et l’a appelé mercredi à démissionner. « Vous sortez de prison neuf délinquants en échange de leur engagement à ne pas vous sortir, vous, de la Moncloa », le siège du gouvernement espagnol, a lancé le chef du Parti Populaire (PP), Pablo Casado, à Pedro Sanchez à la Chambre des députés, en référence au soutien d’une partie des indépendantistes à son gouvernement minoritaire.
Avec AFP
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