Ce n’est pas une vision psychédélique, même s’il faut parfois se frotter les yeux pour y croire : la biotech berlinoise Atai Life Sciences, spécialiste allemand des champignons hallucinogènes, a fait une entrée en trombe au Nasdaq, l’indice technologique de la Bourse de New York, vendredi 11 juin. Son fondateur, Christian Angermayer, a su convaincre les investisseurs du potentiel de la psilocybine, le principe actif des « champignons magiques », pour traiter la dépression, la schizophrénie ou les dépendances. Atai, qui a récolté 225 millions de dollars (189 millions d’euros) auprès d’investisseurs, est désormais valorisée 2,3 milliards de dollars.
Le succès d’Atai clôt un trimestre exceptionnel pour la scène start-up allemande. En février, c’est le spécialiste des voitures d’occasion Auto1 qui s’est introduit en grande pompe à la Bourse de Francfort. Et, ces dernières semaines, le rythme des levées de fonds s’est accéléré : coup sur coup, la néobanque Mambu, le spécialiste du recrutement Personio, l’entreprise de livraison Gorillas, les experts de la logistique Sennder et Forto, la fintech Trade Republic, ou le gestionnaire de fortune Scalable Capital sont entrés dans le cercle des « licornes », les entreprises valorisées à plus de 1 milliard de dollars. Depuis début juin, l’Allemagne a même sa première « décacorne » : le groupe Celonis, installé à Munich, a dépassé la valorisation de 10 milliards de dollars.
Selon un rapport du cabinet KPMG, l’Allemagne a connu, au premier trimestre, un record d’investissements en capital-risque. Sur la période, le volume s’est élevé à 3,1 milliards de dollars (dont 1,5 milliard à Berlin), dépassant de 1,9 milliard de dollars le niveau enregistré l’année précédente à la même période. C’est certes bien moins qu’à Londres, mais la tendance à la hausse témoigne de la maturité de l’écosystème technologique et de l’intérêt croissant des investisseurs pour les modèles développés outre-Rhin. Le pays, longtemps dominé par son industrie traditionnelle, tente depuis une décennie de rattraper son retard, pour devenir un site technologique de premier plan en Europe.
« J’ai vu, à Paris, une ébullition »
« En Allemagne, les valorisations augmentent pour les entreprises des logiciels de service, de l’e-commerce ou de la logistique, explique Ashkan Kalantary, de KPMG. Les valorisations sont de plus en plus élevées, car ces modèles économiques arrivent très vite à maturité. Et ils ont fait leurs preuves, car ils fonctionnent bien dans des conditions réelles. » En dépit de ces succès, certains acteurs de l’écosystème technologique allemand regrettent que l’intérêt politique pour les start-up soit encore bien trop timide outre-Rhin. C’est l’avis de Christian Miele, investisseur et président de la fédération allemande des jeunes pousses, estimant que la France fait mieux que l’Allemagne sur ce plan. De passage à Paris, il a été impressionné par l’accueil réservé par le président français à une centaine de représentants de la scène start-up européenne, mardi 15 juin, à l’occasion du lancement de l’initiative « Scale-up Europe ».
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