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Le fleuve Ogooué traverse tout le Gabon et une partie de sa forêt équatoriale, avant de se jeter dans l’océan Atlantique. ISSOUF SANOGO/AFP
Le Gabon va recevoir ses premiers paiements internationaux en récompense de la protection de ses forêts. Ce qui n’était qu’une promesse avec l’accord signé en septembre 2019 avec la Norvège devient donc une réalité après dix-huit mois de discussions et d’audit pour vérifier la solidité des engagements pris par Libreville.
Ce sont donc 17 millions de dollars (14,3 millions d’euros) qui vont être versés en contrepartie des tonnes de carbone supplémentaires séquestrées grâce aux mesures mises en œuvre pour lutter contre la déforestation. Celles-ci ont été estimées à 3,4 millions de tonnes au cours des deux années 2016 et 2017 par rapport à la moyenne des émissions des dix années précédentes et sont rémunérées à 5 dollars la tonne. Le Gabon pourrait au total percevoir 150 millions de dollars s’il maintient ses efforts.
Cette étape marque un moment important pour les pays d’Afrique centrale qui abritent le deuxième massif forestier tropical de la planète. « C’est la première fois qu’un pays africain est récompensé pour avoir réduit les émissions liées aux forêts au niveau national », a souligné le ministre de l’environnement norvégien, Sveinung Rotevatn, mardi 22 juin, au nom de l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (CAFI) qui réunit plusieurs pays industrialisés et dont la Norvège est le principal bailleur. Ce fonds créé en septembre 2015, quelques semaines avant que ne soit signé l’Accord de Paris sur le climat, est géré par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Marque de reconnaissance
L’argent reçu devra servir au financement de politiques permettant de maîtriser l’évolution du couvert forestier qui représente aujourd’hui 88 % de la superficie du pays. Avec une population de moins de 2 millions d’habitants concentrée dans les villes côtières, la pression sur les forêts est avant tout liée à l’exploitation forestière. Elle est, jusqu’à présent, restée faible, comparée par exemple à la situation observée en République démocratique du Congo, devenu le pays avec le plus fort taux de déforestation après le Brésil.
Le ministre des eaux et forêts gabonais, Lee White, a remercié la Norvège de cette marque de reconnaissance, même s’il ne cache pas que le prix retenu ne valorise pas suffisamment, à ses yeux, les efforts accomplis. La validation par des standards internationaux envoie un signal fort aux acteurs du marché du carbone auprès desquels le Gabon espère trouver une source de financement. « La reconnaissance par CAFI de notre système de surveillance et de nos données est particulièrement encourageante dans la mesure où elle constitue une référence mondiale en matière de paiements pour les réductions des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts », a déclaré le scientifique britannique nommé à ce poste en 2019 mais chargé de conduire les négociations climatiques depuis plus de dix ans.
Outre le fait que les forêts tropicales abritent environ la moitié de la biodiversité terrestre, elles représentent d’importants puits de carbone pour lutter contre le dérèglement climatique. Le massif africain absorbe l’équivalent de 4 % des émissions mondiales de CO2 chaque année.
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