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Alors que se tourne la page Castro, Joe Biden oublie Cuba

Un portrait de Fidel Castro (1926-2016) à l’entrée d’un centre de vaccination à La Havane, le 15 juin 2021. ALEXANDRE MENEGHINI / REUTERS

Analyse. L’alignement des astres était presque parfait. Soixante ans après la révolution cubaine, La Havane a tourné la page des frères Castro, Raul, l’éternel cadet de Fidel, cédant sa place, le 19 avril 2021, à Miguel Diaz-Canel, premier civil à diriger le Parti communiste de l’île. La transition s’est non seulement accompagnée du départ à la retraite, au bureau politique, d’une partie de la génération historique, celle de la révolution de 1959, mais elle a également fait suite à un train de réformes important.

En pleine période de crise économique – la pire depuis la chute de l’URSS –, de pandémie et de tensions politiques inédites, le gouvernement a procédé, en janvier, à une délicate réforme monétaire, mettant fin au système unique des deux monnaies en vigueur depuis trente ans. En février, l’activité privée a été autorisée dans la majorité des secteurs économiques. De quoi entrevoir une transition, du moins sur le papier, vers une économie de marché, chère au voisin nord-américain.

Avec l’élection de Joe Biden, l’espoir d’un retour à une normalisation des relations entre Washington et La Havane, amorcée par Barack Obama en 2014 avant de voler en éclats sous l’effet des sanctions et des restrictions de vols imposées par l’administration Trump, s’est trouvé à son tour relancé. Le candidat démocrate n’avait-il pas promis, lors de la campagne, qu’il supprimerait, une fois élu, une partie des mesures les plus agressives du magnat de l’immobilier ? Que son but aussi était de changer rapidement ce qu’il appelait « la politique faillie de Trump qui a porté préjudice au peuple cubain » et de permettre aux Américains de se rendre sur l’île parce qu’ils sont « les meilleurs ambassadeurs de la liberté » ?

Apparente indifférence

Depuis, plus rien. Passé l’investiture de Joe Biden, la Maison Blanche n’a pas bougé d’un iota. L’appel, lancé par Raul Castro lors de son dernier grand discours à la tête du parti unique, à un « dialogue respectueux » entre La Havane et Washington n’a pas eu l’heur d’émouvoir l’ancien vice-président d’Obama. La nouvelle administration a poliment expliqué que les relations avec Cuba n’étaient pas une priorité. La politique du département d’Etat à l’égard de l’île étant en cours d’examen. Un haut responsable a même déclaré que les Etats-Unis n’avaient rien de substantiel à dire sur la retraite de Castro.

Cette posture d’apparente indifférence laisse un sentiment d’amertume à ceux qui espéraient, à tout le moins, la réouverture des lignes aériennes et un assouplissement des remesas, ces transferts de fonds réalisés par la diaspora cubaine, bloqués en 2020 par Donald Trump. Elle révèle le choix évident de la prudence en politique étrangère. Accaparé par la grande confrontation avec la Chine, Joe Biden souhaite détourner le regard de certains dossiers internationaux. Au risque, on l’a vu en mai au Proche-Orient, de renvoyer l’image d’une Maison Blanche successivement en retard, embarrassée et même en contradiction avec ses propres engagements.

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