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A Hongkong, le « Apple Daily », aux abois, tient tête aux autorités

Un homme tient une copie du « Apple Daily », devant le tribunal de Kowloon West, après l’inculpation de deux dirigeants du journal pro démocratie, à Hongkong, le 19 juin 2021. LAM YIK / REUTERS

Après avoir été arrêtés jeudi 17 juin, et inculpés vendredi, dans le cadre de la nouvelle loi draconienne de sécurité nationale (LSN), le directeur général du groupe de presse Next Digital, Cheung Kim-hung, et le rédacteur en chef du tabloïd d’opposition Apple Daily, Ryan Law, ont été placés en détention provisoire, samedi 19 juin.

Jeudi matin, la police avait interpellé chez eux les cinq principaux dirigeants du journal pro démocratie, indiquant qu’ils étaient « soupçonnés d’avoir conspiré en vue de complot avec des forces étrangères », l’un des quatre crimes couverts par la LSN, imposée par Pékin au printemps 2020 à la suite de plusieurs mois de désordres et d’émeutes antigouvernementales en 2019, et entrée en vigueur le 30 juin 2020. Le crime dont ils sont accusés s’intitule « collusion avec un pays étranger ou avec des éléments extérieurs, en vue de mettre en péril la sécurité nationale ». Il est passible de prison à perpétuité. Trois des cinq prévenus ont été libérés vendredi soir, après plus de trente-six heures de garde à vue.

Au terme de la première audience des deux inculpés, samedi, le juge Victor So a décidé de garder les deux hommes en prison, invoquant les conditions citées par la loi de sécurité nationale, qui préconise de garder les prévenus en détention de manière quasi automatique, contrairement à un principe fondamental de la « common law », le système juridique de Hongkong, qui prévoit exactement l’inverse.

« Un suspect criminel ou un accusé n’aura pas droit à la liberté conditionnelle, sauf si le juge a suffisamment d’éléments pour lui permettre de penser que le suspect criminel ou l’accusé ne continuera pas à commettre des actes mettant en danger la sécurité nationale », indique ainsi l’article 42 de la LSN. Et dès lors qu’un dossier est traité sous la LSN, c’est elle qui prime sur tout autre principe de droit ou concept de justice.

Des articles datant de 2019

Les avocats des deux hommes avaient pourtant annoncé une série de mesures pour rassurer le juge : les inculpés s’engageaient à quitter leurs fonctions et à ne plus faire aucun commentaire public, sous aucune forme. Ils ont également proposé de rendre leurs passeports et de payer des cautions très importantes. L’un des deux a même suggéré d’être assigné à résidence. Mais le juge a estimé que tout cela n’évacuait pas le risque que les deux hommes « continuent à mettre en péril la sécurité nationale »

La prochaine comparution du patron du journal et de son rédacteur en chef doit avoir lieu dans sept semaines, le 13 août. Les procureurs ont estimé que la police avait besoin de temps pour examiner le contenu des quarante ordinateurs et seize serveurs saisis dans la salle de rédaction. Car, simultanément à l’interpellation des cinq dirigeants du journal jeudi matin, la police avait également débarqué en masse au siège du journal et avait bloqué les comptes bancaires de l’entreprise. Derrière le Apple Daily, c’est également son fondateur qui est visé : Jimmy Lai, ennemi public avéré et assumé du parti communiste chinois, placé en détention provisoire en décembre 2020, condamné depuis, et en attente de plusieurs autres procès.

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