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Mostafa Tajzadeh : « La présidentielle en Iran va consacrer la victoire d’une minorité »

Mostafa Tajzadeh à Téhéran, en Iran, le 15 juin 2021. SHOTA MIZUNO / SHOTA MIZUNO / THE YOMIURI SHIMB

A 64 ans, Mostafa Tajzadeh, ancien vice-ministre de l’intérieur sous la présidence de Mohammad Khatami (1997-2005), est une figure du courant réformateur. Emprisonné entre 2009 et 2016, il a vu sa candidature à l’élection présidentielle du 18 juin rejetée. Dénonçant un scrutin qui va consacrer la victoire d’une minorité, il appelle sans tabou à des réformes radicales en Iran.

Que pensez-vous des conditions dans lesquelles cette élection se déroule et allez-vous voter ?

Le résultat est prédéterminé et c’est en fait le représentant d’une minorité dans le pays qui va être élu président. Lors de la précédente élection, Ebrahim Raïssi [le candidat ultraconservateur] a obtenu 16 millions de voix et il a perdu. S’il en obtient 18 millions vendredi, il sera au même niveau de soutien populaire. Je ne pense même pas qu’il les obtiendra. Son élection relève du coup d’Etat. Que la volonté d’une minorité s’impose à la majorité est une injure faite au peuple iranien.

Quel est, selon vous, le projet du régime et que se passera-t-il après l’accession de M. Raïssi à la présidence ?

Le Guide suprême va décider de sa succession. Ce « coup d’Etat » électoral vise à mettre tous les pouvoirs entre les mains des conservateurs lors de la succession d’Ali Khamenei. Et M. Raïssi est potentiellement le prochain Guide. Si l’on regarde en arrière, mis à part les trois premières années de la Révolution, il n’y a pas eu d’élections libres en Iran. Mais une certaine concurrence était au moins permise dans le cadre d’élections contrôlées.

Ce n’est même plus le cas cette fois. Ils s’en sont non seulement pris aux réformateurs, mais ils ont également disqualifié et rejeté tous les candidats qui pouvaient avoir un poids. Même quelqu’un comme [l’ancien président ultraconservateur] Mahmoud Ahmadinejad a été écarté. Ils veulent donc centraliser le pouvoir entre les mains des seuls conservateurs dans l’optique de la désignation du futur Guide suprême. Sachant que l’on parle ici d’ultraconservateurs, et non de conservateurs dits « modérés ».

Comment définir aujourd’hui le régime ?

Jusqu’ici, une partie du pouvoir était partagée entre conservateurs et réformateurs. Le centre de gravité glisse aujourd’hui totalement vers le corps des gardiens de la révolution, le groupe dirigé directement par le Guide suprême. Ceux qu’on appelle les « conservateurs » vont eux-mêmes finir par être écartés. Si le rapport de forces est en sa faveur, le groupe constitué autour des gardiens de la révolution va supprimer le principe même d’élections. Mais il y a des désaccords et des contradictions entre des forces conservatrices qui soutiennent M. Raïssi et les gardiens de la révolution. Je pense que ces contradictions vont finir par éclater au grand jour. Un conflit entre eux est probable.

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