L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté vendredi 18 juin une résolution non contraignante qui condamne le coup d’Etat en Birmanie et appelle « tous les Etats membres à empêcher l’afflux d’armes » dans ce pays.
Ce texte a été approuvé par 119 Etats, 36 s’étant de leur côté abstenus – parmi lesquels la Chine, principal soutien de la Birmanie. Un seul pays, la Biélorussie, qui a empêché une adoption de la résolution par consensus (ainsi que le souhaitaient ses auteurs) et a imposé un scrutin public, a voté contre.
A la différence d’une approbation par consensus, le scrutin a obligé les 193 pays de l’ONU à se dévoiler. Parmi les dix pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), qui avaient participé à la négociation sur le texte (à l’origine duquel on trouve le Liechtenstein, et qui est soutenu par les Occidentaux), quatre seulement se sont abstenus : Brunei, président en exercice de l’Asean, le Cambodge, le Laos et la Thaïlande.
Particularité de ce scrutin : la Birmanie, représentée par l’ambassadeur Kyaw Moe Tun, limogé après le coup d’Etat de février, mais qui est toujours en fonctions et continue de défier la junte, a voté en faveur du texte.
L’Assemblée générale de l’ONU adopte très rarement des résolutions qui condamnent les coups d’Etat militaires ou qui appellent à limiter les armes fournies au pays visé.
« Créer les conditions du rétablissement de la démocratie »
« Il s’agit de la condamnation la plus large et la plus universelle à ce jour de la situation en Birmanie », a relevé l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) à l’ONU, Olof Skoog. « L’UE est fière de la résolution qui vient d’être adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies. Elle envoie un message fort et puissant. Elle délégitime la junte militaire, condamne ses abus et sa violence contre son propre peuple et démontre son isolement aux yeux du monde », a-t-il ajouté.
Manifestations quasi quotidiennes, économie paralysée par des grèves massives, recrudescence des affrontements entre armée et factions ethniques rebelles : la Birmanie est en ébullition depuis le putsch du 1er février, qui a mis fin à une parenthèse démocratique de dix ans.
Le mouvement de contestation est depuis réprimé dans le sang par les forces de sécurité, qui ont tué ces derniers mois plus de 860 civils, dont des femmes et des enfants, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques.
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a justifié sa prise de pouvoir comme étant une réaction à de supposées fraudes électorales qui seraient survenues lors des législatives de novembre 2020, remportées massivement par la Ligue nationale pour la démocratie, parti d’Aung San Suu Kyi.
La résolution adoptée vendredi demande aussi un retour à la démocratie en Birmanie ainsi que la libération de ses dirigeants civils. « Nous devons absolument créer les conditions du rétablissement de la démocratie », avait insisté avant la mise au vote de la résolution le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, espérant que l’Assemblée générale aura délivré un « message très clair ».
La résolution réclame également l’application d’un plan en cinq points conçu en avril par l’Asean, lequel inclut la nomination d’un émissaire et exhorte les forces armées birmanes « à arrêter immédiatement toutes les violences contre des manifestants pacifiques ».
Le texte, parrainé par plus d’une cinquantaine d’Etats, sollicite aussi l’accord de la junte pour une visite sur place de l’émissaire de l’ONU, Christine Schraner Burgener, et un accès humanitaire sans entrave dans le pays.
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