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L’Europe en quête d’une « autonomie stratégique » encore contestée et peu tangible

Lors du G7, dans le sud-ouest de l’Angleterre, le 11 juin 2021. PHIL NOBLE / AFP

Emmanuel Macron l’a répété, avant comme pendant le G7, du vendredi 11 au dimanche 13 juin en Cornouailles : l’Europe doit savoir défendre ses intérêts propres et développer son « autonomie stratégique ». Jeudi 10 juin, juste avant de retrouver ses homologues, dont le président américain, Joe Biden, le chef de l’Etat français a évoqué la nécessité d’une « souveraineté », histoire de rassurer Berlin. Mais, dans la foulée, il a évoqué une Europe « qui a besoin de construire le cadre de son autonomie stratégique, en matière économique, industrielle, technologique, de valeur militaire ».

Tandis que le Brexit et la crise sanitaire ont ébranlé en profondeur le continent, la notion est désormais inscrite au cœur des réflexions des Vingt-Sept : elle sera largement évoquée à Bruxelles, lundi 14 juin, lors d’un sommet de l’OTAN, ainsi que le lendemain, lors de celui qui doit réunir Joe Biden et les dirigeants des institutions européennes. Des « retrouvailles » vécues comme un soulagement après l’épisode Donald Trump, qui a secoué tant l’Alliance atlantique qu’une Union européenne (UE) désormais en quête d’une moindre dépendance. Envers la Chine, en ce qui concerne l’industrie, le commerce ou les métaux rares, la Russie en matière d’énergie, mais également les Etats-Unis, pour la technologie, la sécurité et la défense.

Le débat est encore émergent, voire théorique, même si la crise sanitaire a permis à l’UE – capable de bâtir un plan de relance et de mener des achats groupés de vaccins inédits – de faire entendre sa voix et sa différence : elle l’a montré au G7 sur la production et les exportations de vaccins vers les pays les moins développés, tout en critiquant le « souverainisme vaccinal » des Etats-Unis et du Royaume-Uni, le pays hôte de la réunion. L’Europe a l’habitude de générer des concepts « sans définir ce qu’ils signifient et sans disposer d’indicateurs mesurant leur efficacité ». L’analyse, un peu cruelle, signée Richard Youngs, pour le European Democracy Hub, s’applique-t-elle aux discussions sur la nécessaire « autonomie stratégique » de l’UE ?

« La France est désormais appuyée par l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas, mais elle est l’un des rares pays à déconnecter ce thème du rapport à Washington, souligne Alexandra de Hoop Scheffer, directrice du bureau parisien du German Marshall Fund of the United States. D’autres, comme l’Allemagne ou la Pologne, redoutent, en revanche, que la question de l’autonomie complique la relation avec l’allié américain. » Cette spécialiste des questions transatlantiques évoque un « prisme déformant » qui brouille, dès lors, la compréhension du projet et son éventuelle concrétisation.

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