Publié le : 11/06/2021 – 14:48
Le président Joe Biden s’est engagé à retirer les troupes américaines d’Afghanistan d’ici le 11 septembre 2021. Dans leur sillage, les chancelleries occidentales réduisent leurs effectifs et rapatrient leur personnel. Le terrain est donc libre pour un retour des Talibans, vingt ans après avoir été chassés du pouvoir par une coalition militaire menée par les États-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Pour Arte et France 24, nos correspondantes Solène Chalvon-Fioriti et Margaux Benn ont pu voir au plus près ce qu’il en était dans les écoles, les tribunaux, la vie quotidienne des Taliban.
Actuellement, les combats font rage, partout dans le pays, entre les soldats afghans et les Taliban. La guérilla fondamentaliste gagne du terrain face à une armée afghane exsangue. Les Taliban contrôleraient déjà plus de la moitié du territoire, notamment les campagnes. Des zones qui n’ont pas bénéficié des plus de 150 milliards de dollars d’aide au développement versés depuis 15 ans par la communauté internationale, et en partie détournés par les élites dans les villes.
Nos reporters ont pu suivre les « maîtres des campagnes » taliban sur leurs terres, visiter leurs écoles et leur tribunaux.
Dans un village de la province du Wardak, située à moins de deux heures de route de Kaboul, Zainab, 10 ans, passe quatre heures par jour à apprendre le Coran dans une école de fortune, les Taliban n’ayant pas construit d’établissement pour filles. Son père, qui a perdu des proches lors d’une bavure des forces afghanes et américaines, fait l’éloge des combattants, qui assurent selon lui la sécurité du village. Soumis à une vigilance constante, la plupart tiennent le même discours. Car les Taliban sont partout : de la législation alimentaire à la fréquence des prières, ils s’immiscent dans tous les aspects du quotidien.
Non loin, dans une mosquée, le « gouvernement de l’ombre » décide des lois et des nouveaux interdits. Puis, au pied d’un arbre centenaire, des juges administrent la justice lors d’un tribunal public. La clinique est le seul sanctuaire pour les femmes, autrement invisibles dans l’espace public. Elles y partagent leurs peines avec une jeune généraliste venue de la capitale.
En s’immergeant dans un village taliban, et après avoir obtenu un accès très rare au sein des principales institutions, Solène Chalvon-Fioriti et Margaux Benn apportent un éclairage troublant sur la société talibane d’aujourd’hui, et sur les rouages de cet État parallèle ultra-conservateur qui pourrait bien, en cas de victoire des rebelles, préfigurer l’Afghanistan de demain.
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