Le processus disciplinaire à l’encontre d’une partie des militaires qui avaient signé les tribunes publiées dans le magazine Valeurs actuelles entre fin avril et début mai a commencé à se mettre en œuvre. Un mois après que le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, a été poussé par l’exécutif à annoncer des sanctions contre ces contrevenants au devoir de réserve, des convocations ont été envoyées, et un certain nombre d’auditions ont eu lieu, a appris Le Monde, vendredi, auprès du ministère des armées.
Ces textes, signés parfois de manière anonyme par certains gradés retraités et d’active, avaient suscité une intense polémique. Le premier, publié le 21 avril, appelait notamment à l’« intervention » de l’armée pour la « protection [des] valeurs civilisationnelles ». Le second, transformé en pétition, insistait fortement sur des risques jugés important de « guerre civile ». Des textes qui avaient mis mal à l’aise de larges cercles au sein des milieux de la défense, beaucoup, traditionnellement ancrés à droite, partageant pour partie le constat dressé dans ces tribunes mais désapprouvant le procédé et les mots employés.
Beaucoup de militaires auraient préféré laver le linge sale en famille, mais la politisation de l’affaire a conduit à un processus disciplinaire en bonne et due forme. Un mois plus tard, des convocations signées par la ministre des armées le 21 mai ont été envoyées, le 25 mai, à six des généraux qui avaient signé la première tribune. Ces officiers généraux 2S ou « OG2S », comme ils sont appelés dans le jargon militaire, sont tous des retraités âgés. Mais leur statut d’OG2S, prestigieux, les rattache encore statutairement à l’institution. C’est à ce titre qu’ils ont été considérés comme soumis au devoir de réserve.
Procédure longue et normée
Ces six généraux sont ceux qui ont publiquement, dans les médias, assumé la signature de la première tribune et mis en avant leur grade à cette occasion. Dans la convocation qui leur a été envoyée, le ministère des armées considère que cette tribune « au ton accusatoire, outrancier et polémique », a « porté sur le devenir de la cohésion et de la sécurité nationales » et a « engagé l’image des armées ». Parmi ces signataires, le général trois étoiles Emmanuel de Richoufftz, ancien aide de camp de Pierre Mauroy au début des années 1980, a déjà fait savoir qu’il ne répondrait pas à cette convocation.
Le courrier qui a été adressé à ces généraux suit une procédure longue et très normée par le code de la défense. Cette lettre les convoque d’abord devant un « conseil supérieur » de discipline, composé d’officiers généraux en activité appartenant à la même force armée qu’eux (terre, mer, ou air). Ce conseil supérieur n’est pas permanent, et il est réuni à la demande du ministre. Lors de son audition par ce conseil, le gradé mis en cause peut faire valoir son point de vue, accompagné d’un défenseur, qui peut être un avocat.
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