Les entreprises européennes en Chine sont « sous le choc » au lendemain de l’adoption d’une loi contre les sanctions étrangères, qui risque de placer les multinationales en position délicate, a affirmé vendredi la Chambre de commerce de l’UE.
Face aux pressions occidentales, la Chine s’est dotée jeudi d’un arsenal juridique, au libellé vague, qui légalise des représailles en cas de sanctions étrangères contre des individus ou des entités chinoises.
Le texte légalise « la mise sous scellés, la saisie et le gel des biens » de personnes ou d’entreprises qui appliqueraient des sanctions contre la Chine.
Cette loi « risque de placer les entreprises européennes en Chine dans une position de plus en plus précaire », a déploré auprès de l’AFP Joerg Wuttke, président de la Chambre de commerce de l’UE en Chine.
Le texte, qui n’avait pas été publié à l’avance, a été adopté mercredi lors d’une réunion à huis clos du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP, le parlement chinois).
« Les entreprises européennes sont sous le choc face au manque de transparence et à la rapidité de ce processus », a commenté M. Wuttke.
Le président du Conseil européen Charles Michel, lors d’une conférence de presse à Bruxelles après un sommet virtuel UE-Chine, le 22 juin 2020 (POOL/AFP/Archives – YVES HERMAN)
Pékin se plaint depuis longtemps de l’application extraterritoriale du droit américain via des sanctions et des restrictions commerciales.
Les observateurs craignent qu’avec la nouvelle loi, les sociétés étrangères aient à faire un choix cornélien: se conformer aux sanctions américaines et risquer des représailles chinoises, ou vice versa.
Les entreprises étrangères se retrouvent « coincées entre le marteau et l’enclume » et vont devoir « naviguer sur ce nouveau champ de mine législatif », estime M. Wuttke.
Cette nouvelle loi n’est pas selon lui de nature à attirer de nouveaux investissements étrangers en Chine, les entreprises étrangères « redoutant déjà d’être des pions que l’on peut sacrifier sur l’échiquier géopolitique ».
« On peut vraiment s’inquiéter d’une nouvelle déstabilisation des relations entre la Chine et l’UE », a-t-il déclaré.
En mars, les Européens ont sanctionné pour la première fois la Chine pour la persécution présumée des musulmans Ouïghours au Xinjiang, une région multiethnique du nord-ouest du pays. Pékin avait riposté dans la foulée avec des sanctions contre une dizaine de personnalités européennes.
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