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« Sur l’intelligence artificielle, l’Europe peine à dessiner sa troisième voie face aux Etats-Unis et à la Chine »

Tribune. La Commission européenne a dévoilé le 21 avril son projet de régulation de l’intelligence artificielle (IA). Le but : encadrer ses usages pour définir une troisième voie distincte des pratiques totalitaires de la Chine et du « capitalisme de surveillance » des grandes firmes technologiques américaines. Autrement dit, l’Europe entend fonder sa stratégie de développement technologique sur des bases éthiques, respectueuses des valeurs consacrées par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Le répertoire de techniques regroupées sous le nom d’intelligence artificielle est l’objet de convoitises politiques depuis son origine, dans les années 1950. Mais, ces dix dernières années, ces technologies ont acquis un tel pouvoir de fascination sur les élites dirigeantes qu’elles sont devenues un enjeu de puissance de premier ordre, comme si celui qui en maîtrisait le plus haut niveau de sophistication devait fatalement et éternellement subjuguer tous ses rivaux.

Encadrement juridique limité

Cette quête fantasmatique au goût de guerre froide, de course à la bombe atomique et de conquête spatiale repose sur la dualité de ces technologies, applicables tant au domaine civil et commercial que militaire et policier. En Chine comme aux Etats-Unis, l’IA apparaît nettement comme l’instrument privilégié de la réalisation de trois grands objectifs politiques : assurer la prospérité du pays, sa stabilité sociopolitique et la projection de sa puissance sur le reste du monde. Ce faisant, l’encadrement éthico-juridique de l’IA y est fortement limité, d’où son application prévue aux systèmes de crédit social chinois et le développement de systèmes d’armes létales autonomes (SALA).

Entre les puissances américaine et chinoise, l’Europe souhaite promouvoir une troisième voie. L’IA y serait érigée au rang d’instrument de progrès, au service de la compétitivité, de la santé, de la protection de l’environnement, etc. ; bref, une série de technologies compatibles avec les principes et les valeurs de l’Union européenne. C’est pourquoi cette proposition de réglementation est bâtie autour de la notion de risque (« inacceptable », « élevé »…) et entend prohiber un certain nombre d’usages, tels que la manipulation comportementale, l’exploitation des vulnérabilités de personnes en fonction de leur âge ou de leur handicap physique ou mental, ou encore l’identification biométrique à distance et en « temps réel ». Du moins, c’est ce que suggère une lecture rapide de la proposition.

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