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Dans un décor de carte postale, le restaurant d’Emily in Paris a rouvert

Une placette de carte postale, sous un soleil radieux: fermé plus de sept mois, le restaurant italien Terra Nera accueille à nouveau, mercredi, les habitués du quartier… et les fans de la série Emily in Paris, qui l’a rendu célèbre dans le monde entier.

« Pour un restaurateur, il y a une montée d’adrénaline à chaque service: il faut donner le meilleur », dit à l’AFP Valerio Abate, propriétaire avec Johann Baranes de l’établissement à la devanture et aux murs rouge carmin, proche du Panthéon, qui sert une cuisine traditionnelle de plusieurs régions d’Italie. Après une si longue fermeture, « l’adrénaline est dix fois plus forte ».

« Nous sommes pleins ce mercredi et les jours suivants », se félicite-t-il en passant devant les longues assiettes d’antipasti qui trônent à l’entrée. La machine à café, récalcitrante, lui donne des soucis: en réglant l’addition, un client s’est plaint d’un café froid, mais il a aussitôt ajouté: « Vous rouvrez, on comprend ».

Créé en 1978 dans une ancienne boucherie, « Terre noire », aux marbres de façade classés et aux crochets toujours au plafond, le restaurant n’a pu rouvrir sa terrasse le 19 mai: il accueillait le tournage de la deuxième saison d’Emily in Paris, la série à succès de Darren Star, diffusée sur Netflix en octobre.

Les propriétaires du restaurant Terra Nera, Johann Baranes (d) et Valerio Abate (g), à Paris, le 8 juin 2021 (AFP – Eric PIERMONT)

Les habitués sont là en famille, comme Olivier Bijaoui, qui apprécie « la bonne cuisine sicilienne et le cadre amical ». « C’est un endroit super », dit-il. Ce chef d’entreprise de 63 ans craint de « voir bientôt débarquer des hordes de fans » et de ne « plus pouvoir trouver de table ».

Dans cette comédie romantique à la photographie acidulée, une jeune Américaine qui ne parle pas un mot de français, Emily -jouée par Lily Collins, la fille du musicien Phil Collins- débarque dans la Ville lumière, où elle tombe sous le charme de son voisin Gabriel, joué par l’acteur français Lucas Bravo.

Lycéenne, Célia Trijard, 15 ans, qui vit à Villemomble (Seine-St-Denis) est venue avec sa mère, « tester le restaurant et voir l’immeuble, la boulangerie, tous les lieux de tournage » dit-elle, les yeux brillants. Elle a toutefois du mal à reconnaitre le décor des « Deux compères », le bistrot français où officie le chef Gabriel.

– « Enorme pub pour Paris » –

Les propriétaires du restaurant Terra Nera, Johann Baranes (g) et Valerio Abate (d), à Paris, le 8 juin 2021 (AFP – Eric PIERMONT)

« Une équipe est venue, elle a tout déménagé, nos tables, nos chaises, nos verres… le lendemain un autre camion est arrivé et tout a été réaménagé. A la fin du tournage, ils ont tout remis comme avant », raconte M. Baranes.

Diffusée dans 93 pays, la série « est une énorme pub pour Paris », estime M. Abate, admiratif d’une équipe de tournage américaine qui « parfois tournait la nuit sans faire un bruit, alors qu’ils étaient plus de soixante ».

Humour bon enfant axé sur le décalage entre Français et Américains, Paris ultra glamour, fraîcheur du jeu d’acteurs: la diffusion a suscité une avalanche de tweets d’étrangers rêvant de vivre dans la capitale française – d’autres, y vivant déjà, sont venus en nombre faire un selfie devant la façade.

Pour profiter de cette notoriété inespérée, les restaurateurs ont créé une page Instagram et un menu « Emily in Paris »: spritz ou americano en apéritif, burrata des Pouilles, filet de boeuf limousin, roquette relevée d’un vinaigre balsamique âgé de 50 ans et tiramisu.

Mais fin octobre, le restaurant fermait pour le deuxième confinement.

L’un des propriétaires du restaurant Terra Nera, Valerio Abate, à Paris, le 8 juin 2021 (AFP – Eric PIERMONT)

Les deux associés ont alors lancé de vastes travaux au Terra Nova, leur second établissement, juste en face. « Nous avons profité de cette période pour réfléchir: nous allons proposer une cuisine italienne plus moderne, autour d’une pizza revisitée, dans cet établissement qui s’appellera +Pizza du Panthéon+ », explique M. Baranes, qui importe aussi des produits italiens avec sa société Italcibus.

Malgré l’euphorie de la réouverture, l’inquiétude est là: « si nous sommes toujours là c’est grâce aux aides qu’il y a eu », dit M. Abate. « L’Etat ne doit pas s’arrêter là car cet été, le manque de touristes va se faire sentir ».

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