Ils craignaient une déroute. Les conservateurs ont finalement triomphé, dimanche 6 juin, en Saxe-Anhalt. Avec 37 %, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel l’a largement emporté dans ce Land de l’ex-RDA, loin devant le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui, avec 20,8 %, a certes réalisé un très bon score mais n’a pas atteint son objectif : arriver pour la première fois en tête lors d’un scrutin régional.
Parce qu’elles étaient les dernières avant les législatives du 26 septembre, qui décideront du nom du successeur de Mme Merkel, ces élections étaient très attendues. Et leurs résultats ont donné lieu à une bataille d’interprétation entre ceux qui avaient intérêt à leur donner une signification nationale et ceux pour qui il était préférable d’en relativiser la portée en rappelant que la Saxe-Anhalt, avec 2,2 millions d’habitants, n’est que le onzième Land le plus peuplé (sur 16).
Sans surprise, le secrétaire général de la CDU, Paul Ziemiak, figurait parmi les premiers. « Pour nous, c’est un score sensationnellement bon », a-t-il commenté, dimanche soir, évoquant « des vents porteurs pour les législatives ». Alors qu’elle oscillait entre 25 % et 30 % dans les dernières intentions de vote, la CDU a gagné 7,2 points par rapport aux régionales de 2016 (29,8 %). Depuis son écrasante victoire de 2002 (37,3 %), elle n’avait jamais obtenu un tel score en Saxe-Anhalt.
Vote utile
Comment expliquer un tel succès ? Pour les uns, le choc provoqué par un sondage donnant l’AfD en tête dix jours avant le scrutin a été décisif : alors qu’elle craignait un vote sanction, la CDU aurait finalement bénéficié d’un vote utile en ralliant dans la dernière ligne droite des électeurs avant tout désireux de faire barrage à l’extrême droite.
Pour d’autres, c’est la personnalité de son candidat, Reiner Haseloff, qui a été déterminante. A la tête de la Saxe-Anhalt depuis 2011, ce politicien austère n’a jamais hésité à exprimer ses désaccords avec Angela Merkel, que ce soit sur sa politique migratoire, considérée comme trop généreuse, ou sur sa gestion de la crise sanitaire, jugée trop contraignante. Plus conservateur que la chancelière mais refusant toute coopération avec l’AfD – contrairement à certains élus CDU de la région –, il a su habilement se faire le porte-voix des électeurs de l’est face à « Berlin », accusé de négliger les « nouveaux Länder » issus de la réunification. En 2019, c’est la même stratégie qui avait permis à son collègue Michael Kretschmer (CDU) de se faire réélire à la tête de la Saxe avec une avance sur l’extrême droite plus grande que prévue.
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