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Au Nicaragua, Ortega « prépare la voie » à une élection sans opposition

La police nicaraguayenne empêche des journalistes d’accéder au domicile de la chef de l’opposition, Cristiana Chamorro, après son arrestation et son assignation à résidence pour, selon la justice, blanchiment d’argent et autres crimes, à Managua, le 2 juin 2021. CARLOS HERRERA / REUTERS

Une à une, le président nicaraguayen Daniel Ortega a décidé de bloquer les candidatures des opposants les plus gênants en vue de l’élection présidentielle du 7 novembre. Une stratégie dénoncée comme un « coup d’Etat » par la presse indépendante et la société civile.

Le dernier à faire les frais de la stratégie du couple présidentiel composé par l’ancien guérillero sandiniste Daniel Ortega et son épouse et vice-présidente du pays, Rosario Murillo, pour se maintenir à tout prix au pouvoir, a été le candidat Arturo Cruz. Interpellé samedi 5 juin à l’aéroport de Managua à son retour des Etats-Unis, il « fait l’objet d’une enquête de la police nationale car il y a de forts indices qu’il ait attaqué la société nicaraguayenne et les droits du peuple », a affirmé le ministère public.

Arturo Cruz, 67 ans, qui s’était déclaré candidat il y a deux mois sous les couleurs du parti Alliance citoyenne pour la liberté (CXL, droite), a été arrêté en vertu d’une loi de « défense des droits du peuple », plus connue sous le nom de « loi guillotine », votée en décembre 2020. Ce texte empêche de se présenter à des élections tous ceux que le régime considère comme « traîtres à la patrie », notamment ceux qui « exigent, soutiennent et se félicitent de l’imposition de sanctions contre l’Etat du Nicaragua ».

Dans une offensive législative, l’exécutif a fait passer à l’Assemblée nationale trois autres lois liberticides depuis octobre 2020, destinées à museler toute opposition – celle « pour la régulation des agents étrangers », la « loi spéciale de cyberdélits » et celle prévoyant la prison à perpétuité pour les « crimes de haine ».

« Stratégie perverse du régime »

Pour le Centre nicaraguayen des droits humains, la « dictature Ortega-Murillo utilise le droit pénal comme instrument de persécution politique ». L’arrestation de M. Cruz, assure le principal organisme de défense des victimes de la répression, qui s’est vu retirer son statut légal en décembre 2018, « fait partie de la stratégie perverse du régime pour intimider ceux qu’il considère comme ses “ennemis politiques” ».

L’arrestation de M. Cruz fait suite à celle d’une autre candidate potentielle, la très populaire Cristiana Chamorro, considérée comme la seule capable d’unir l’opposition divisée en deux blocs. Assignée à résidence depuis mercredi 2 juin, elle est accusée de blanchiment d’argent, une « farce », selon elle, destinée à l’évincer de la course électorale.

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