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Abus sexuels dans l’Eglise : le coup d’éclat du cardinal Marx, archevêque de Munich

Le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, annonce sa démission le 4 juin 2021 à Munich, Allemagne. LENNART PREISS / AFP

Le geste, spectaculaire, en dit long sur la gravité de la crise qui secoue l’Eglise catholique allemande. Treize ans après sa nomination à la tête de l’archevêché de Munich, le cardinal Reinhard Marx a annoncé, vendredi 4 juin, avoir remis sa démission au pape François.

Dans une lettre adressée à ce dernier – qu’il a rencontré à Rome, le 21 mai, pour l’informer de sa décision –, l’ancien président de la Conférence épiscopale allemande explique vouloir « assumer la coresponsabilité de la catastrophe des abus sexuels commis par des représentants de l’Eglise au cours des dernières décennies », avant d’ajouter : « Les enquêtes et les expertises de ces dix dernières années n’ont cessé de me montrer qu’il y a eu à la fois des défaillances personnelles et des erreurs administratives, mais aussi une défaillance institutionnelle. L’Eglise n’a pas su en assumer la responsabilité “systémique”. »

Agé de 67 ans, le cardinal Marx n’en est pas à son premier coup d’éclat. Fin avril, il avait rendu publique une autre lettre, adressée celle-là au président allemand, Frank-Walter Steinmeier, dans laquelle il renonçait à la Croix fédérale du Mérite, l’équivalent de la Légion d’honneur.

L’annonce de cette décoration avait provoqué l’indignation des victimes d’abus sexuels, le prélat étant accusé d’avoir fermé les yeux sur des abus commis par un prêtre du diocèse de Trèves à l’époque où il en était l’évêque (2002-2008). Expliquant « prendre très au sérieux les critiques », il avait alors souhaité que cet événement soit l’occasion d’une réflexion et d’une autocritique de la part de l’Eglise allemande, engagée depuis début 2020 dans un « chemin synodal », nom donné à un dialogue inédit, mené conjointement par la Conférence des évêques et le Comité central des catholiques allemands dans un esprit réformateur.

Porte-parole des réformateurs

En renonçant à cette distinction puis, un mois plus tard, en annonçant publiquement avoir demandé à être relevé de sa charge d’archevêque, le cardinal Marx se pose plus que jamais en porte-parole des réformateurs face à ceux qu’il accuse, dans sa lettre au pape, de ne pas vouloir « accepter la responsabilité et la complicité de l’institution » et de « s’oppose[r] à tout dialogue de réforme et de renouvellement en lien avec la crise des abus sexuels ».

Sans le citer, le cardinal Marx fait ici clairement allusion au cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, accusé d’avoir longtemps couvert deux prêtres soupçonnés de violences sexuelles. A la mi-mai, le pape a nommé deux « visiteurs apostoliques », des envoyés pontificaux extraordinaires, chargés d’« appréhender la situation pastorale complexe au sein de l’archevêché et d’étudier d’éventuelles fautes » de plusieurs prélats du diocèse, dont le cardinal Woelki à l’égard duquel lequel les appels à la démission se sont multipliés ces derniers mois.

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