Ceux qui espéraient un démenti en seront pour leurs frais. Le Danemark a un « bon dialogue » avec ses alliés européens et il n’y a pas besoin de « réparer » les relations avec la France et l’Allemagne, a simplement assuré mercredi 2 juin sa première ministre après des révélations d’espionnage américain via les câbles sous-marins du pays scandinave.
Pour sa première déclaration publique sur le sujet depuis la diffusion d’une enquête par la télévision publique danoise dimanche, reprise par plusieurs médias européens dont Le Monde, Mette Frederiksen a refusé de les commenter directement. « Il ne doit pas y avoir de surveillance systématique de ses alliés », a seulement remarqué la chef du gouvernement à la presse après une session du Parlement.
Selon l’enquête de la télévision publique danoise DR, Washington s’est servi au moins jusqu’en 2014 du réseau de câbles sous-marins danois pour écouter des personnalités de quatre pays (Allemagne, Suède, Norvège, France), parmi lesquelles Angela Merkel.
Une attitude qui « n’est pas acceptable entre alliés » pour Emmanuel Macron
Paris, Berlin et d’autres capitales européennes ont sommé lundi les Etats-Unis et le Danemark de s’expliquer sur ces allégations, nouvelle page du dossier des écoutes entre alliés révélées depuis l’affaire Snowden en 2013. Réunis à l’occasion d’un conseil des ministres franco-allemand, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont fait part de leur mécontentement. « Ce n’est pas acceptable entre alliés, encore moins entre alliés et partenaires européens », a réagi le président français, demandant que « toute la clarté [soit] faite ».
Interrogée sur ces réactions, Mme Frederiksen a minimisé. « Nous avons un bon dialogue », a dit à la presse la chef du gouvernement danois. « Je ne pense pas qu’il est correct de dire qu’il faut réparer les relations avec la France ou l’Allemagne. Nous avons un dialogue permanent, aussi dans le domaine du renseignement », a-t-elle affirmé.
Le silence de Washington
Selon DR, via le Danemark, la NSA a pu accéder aux SMS, aux appels téléphoniques et aux actions et échanges sur Internet – dont les recherches, les chats et les services de messagerie – de responsables, parmi lesquels figure également le président fédéral de l’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, concerné en tant qu’ancien ministre allemand des Affaires étrangères.
L’une des inconnues de l’affaire reste le degré d’information de Copenhague sur ces agissements, au sujet desquels Washington a refusé de s’exprimer.
Les révélations de DR reposent sur un rapport confidentiel du renseignement militaire danois (FE), baptisé « Operation Dunhammer ». Commandé à une date inconnue par la direction de FE après l’affaire Snowden – ce qui suggère que le service pouvait ne pas être au courant –, il avait été remis en mai 2015.
Cinq ans plus tard, en août dernier, plusieurs responsables de FE avaient été limogés pour avoir dissimulé certaines informations. Selon DR, leur mise à l’écart était liée à ce dossier.
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