Publié le : 01/06/2021 – 23:28
Joe Biden s’est rendu mardi à Tulsa, dans l’Oklahoma, où près de 300 Noirs américains avaient été tués par une foule blanche il y a 100 ans. « Ce n’était pas une émeute. C’était un massacre », a déclaré le président des États-Unis, qui souhaitait « rompre le silence » sur cet épisode sombre.
Joe Biden est devenu, mardi 1er juin, le premier président en exercice à se rendre sur le site du massacre de centaines de Noirs américains par une foule blanche à Tulsa, en Oklahoma, il y a cent ans, l’un des pires chapitres de l’histoire de la violence raciale aux États-Unis.
« Les événements dont nous parlons se sont déroulés il y a 100 ans, et cependant, je suis le premier président en 100 ans à venir à Tulsa », a souligné le démocrate, disant vouloir « faire éclater la vérité ». « Je suis venu ici pour aider à rompre le silence, a-t-il poursuivi. Car dans le silence, les blessures se creusent. »
Le massacre de Tulsa a « trop longtemps été oublié dans notre histoire. Aussitôt qu’il s’est produit, il y a eu un effort manifeste pour l’effacer de notre mémoire », a-t-il dénoncé en soulignant la présence dans le public, devant lui, de trois survivants centenaires de ce massacre : Viola Fletcher, Hughes Van Ellis et Lessie Benningfield Randle.
« Certaines injustices sont si atroces, si terrifiantes, si douloureuses, qu’elles ne peuvent pas rester enterrées », a poursuivi l’ancien vice-président de Barack Obama.
« Mes chers compatriotes, ce n’était pas une émeute. C’était un massacre, et l’un des pires de notre histoire. Mais pas le seul », a-t-il ajouté.
L’épineuse question des réparations
Les 31 mai et 1er juin 1921, une foule blanche a tué près de 300 Noirs, brûlé et pillé des maisons et des entreprises, dévastant une communauté afro-américaine prospère après qu’une femme blanche avait accusé un Noir d’agression, une allégation qui n’a jamais été prouvée.
Désormais âgés de 101 à 107 ans, les rescapés ont demandé « justice » au Congrès américain et font partie des plaignants ayant déposé un recours en justice afin d’obtenir des mesures, dont un fonds de compensation des victimes.
« Parler du massacre de Tulsa, c’est ouvrir une boîte de Pandore », expliquait mardi sur France 24 Ellen Kountz, professeure à l’Inseec Paris. « Car cette histoire soulève la question de la réparation, de l’indemnisation des survivants et des descendants. »
À l’époque, les compagnies d’assurance n’avaient pas couvert les dommages et personne n’avait été inculpé pour ces attaques.
Mardi matin, l’administration Biden a annoncé des mesures d’aide économique à la population afro-américaine, censées faciliter notamment leur accession à la propriété ou la création d’entreprises, des points considérés cruciaux dans la communauté noire de Tulsa.
Une attaque « sans précédent » contre le droit de vote des Afro-Américains
Lors de son allocution, le président américain a par ailleurs dénoncé les attaques « absolument sans précédent » contre le droit de vote des Afro-Américains par le biais de lois restreignant l’accès aux urnes dans certains États conservateurs.
« Ce droit sacré est attaqué avec une intensité que je n’ai jamais vue », a déclaré le démocrate, promettant de se « battre » pour qu’une loi électorale censée protéger l’accès aux urnes soit adoptée en juin par le Congrès. En parlant des discriminations dont souffrent encore les Afro-Américains aux États-Unis, il a souligné que le droit de vote, « le droit le plus fondamental », subissait « une attaque absolument sans précédent ».
Avec AFP et Reuters
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