Si le Gouvernement s’était engagé à mettre fin au broyage des poussins mâles d’ici fin 2021, la filière des œufs indique qu’elle ne sera pas prête dans ce délai. La Fondation 30 Millions d’Amis regrette qu’en matière de bien-être animal, les objectifs sont sans cesse repoussés.
Chaque année en France, dans la filière dédiée à la production d’oeufs, au moins 45 millions de poussins mâles sont éliminés (par gazage ou broyage), car ne pouvant pondre et trop lents à grossir pour fournir assez de viande. Le gouvernement avait promis il y a plus d’un an que cette pratique décriée serait interdite d’ici à « fin 2021 ». L’engagement ne sera pas tenu : la filière, représentée par l’interprofession des oeufs CNPO, ne sera pas prête dans ce délai.
« Certaines entreprises ont des solutions mais ça ne permet pas de satisfaire la totalité du marché français« , a déclaré le président du CNPO, Philippe Juven, lors d’une conférence de presse (20/05/2021). L’interprofession s’est fixée pour objectif de déployer « progressivement » des alternatives à l’élimination des « frères de poules » à partir de 2022.
Une question de coût
Première solution : le « sexage in ovo« , une technologie nouvelle qui consiste à détecter le sexe des embryons pour écarter les mâles de la production avant qu’ils n’éclosent. Une poignée d’entreprises, comme les Fermiers de Loué, y ont déjà recours. Mais « la recherche se poursuit » afin d’ »améliorer ces méthodes » qui ont pour inconvénient d’augmenter fortement les coûts de production. Parmi elles, « la solution la moins coûteuse« , revient à ce que le coût d’un poussin passe de 80 centimes à 1,80 euros, a-t-il souligné.
En matière de bien-être animal, la réponse politique est très en deçà des exigences éthiques et sociétales.
Reha Hutin
Sexer les poussins coûtera 64 millions d’euros par an, soit 4 % du chiffre d’affaires annuel de la filière, selon une estimation de l’Institut technique de l’aviculture citée par l’interprofession, qui veut que le surcoût soit répercuté sur le prix final de l’oeuf. Les couvoirs devront en outre revoir leurs installations, des « travaux lourds » estimés à 10 millions d’euros. Il y a toutefois « une volonté d’aller le plus vite possible« , a souligné Maxime Chaumet, secrétaire général du CNPO.Une autre alternative consiste à élever les mâles pour leur chair, soit à partir des « souches » actuelles d’animaux sélectionnés pour la ponte, soit à partir de « souches » mixtes, dont les femelles seraient prodigues en oeufs et les mâles capables de devenir des poulets généreux en viande. Mais encore faut-il « trouver un marché » comme débouché, a spécifié M. Juven.
Une proposition de loi examinée au Sénat
« En matière de bien-être animal, la réponse politique est très en deçà des exigences éthiques, environnementales et sociétales », déplore Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. Si le Gouvernement est à la traîne, quelques parlementaires espèrent quant à eux obtenir des avancées concrètes. Les sénateurs examinent, ce 26 mai 2021, une proposition de loi du groupe écologiste sur l’élevage éthique pour mettre fin à l’élimination des poussins, interdire les élevages sans accès au plein air et renforcer la réglementation sur le transport d’animaux vivants.
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