Le secteur aérien connaît la plus grave crise de son histoire mais Airbus se met en ordre de marche pour la reprise: l’avionneur européen a annoncé jeudi qu’il produira en 2023 davantage d’avions monocouloirs qu’avant la pandémie de Covid-19.
L’avionneur se montre résolument confiant, lui qui avait adopté une politique prudente depuis le début de la crise sanitaire, marquée par l’effondrement du trafic aérien mondial et l’incapacité de compagnies financièrement exsangues à prendre livraison de leurs appareils.
« Le secteur de l’aviation commence à se remettre de la crise du Covid-19 », affirme le président exécutif d’Airbus Guillaume Faury, cité dans un communiqué.
Airbus « continue de tabler sur un retour aux niveaux d’avant-crise entre 2023 et 2025 pour le marché des avions commerciaux sous l’impulsion du segment des monocouloirs ».
Il « informe donc ses fournisseurs sur son planning de production, donnant ainsi de la visibilité afin de planifier les investissements nécessaires et de sécuriser » leurs capacités de production ».
Le président exécutif d’Airbus Guillaume Faury, au siège du groupe à Blagnac, près de Toulouse, le 13 février 2020 pour la présentation des résultats 2019 (AFP/Archives – PASCAL PAVANI)
Il demande ainsi à ses fournisseurs de « préparer l’avenir en sécurisant une cadence ferme de 64 » avions de la famille A320 (A319, A320 et A321) par mois « d’ici le deuxième trimestre 2023 ».
Cette annonce a fait bondir le cours de l’action de plus de 6% à l’ouverture de la Bourse.
Airbus produit actuellement 40 A320 par mois.
Au début de la pandémie, alors qu’il en produisait 60 mensuels et s’apprêtait à passer courant 2020 à 63 appareils par mois, il avait immédiatement annoncé une baisse de ses cadences de 40%.
Pour adapter son outil industriel et faire des économies, il avait également annoncé la suppression de 15.000 postes sur les 135.000 salariés que comptait alors le groupe, tout en évitant les licenciements en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne, ses principaux pays d’implantation.
– Marasme des gros-porteurs –
De la fonderie de certaines pièces de moteur à l’assemblage final de l’appareil, la production aéronautique est un cycle long impliquant une myriade d’acteurs, du donneur d’ordres au sous-traitant de sous-traitant. Donner de la visibilité est donc crucial.
Le premier A320neo de la compagnie Air Côte d’Ivoire, sur l’aéroport Félix Houphouët Boigny à Abidjan, le 18 février 2021 (AFP/Archives – SIA KAMBOU)
Airbus demande donc aussi « à ses fournisseurs de permettre un scénario de cadence de 70 (appareils mensuels) d’ici le T1 (premier trimestre, ndlr) 2024. À plus long terme, Airbus étudie des opportunités de cadences allant jusqu’à 75 avions par mois d’ici à 2025 », précise-t-il.
Les avions de la famille A320 sont produits sur huit lignes d’assemblage: deux à Toulouse, quatre à Hambourg (Allemagne), une à Mobile (Etats-Unis) et une à Tianjin (Chine).
Pour l’avionneur, cette montée en cadence doit notamment être permise par la modernisation et la numérisation d’ici fin 2022 d’une de ses lignes d’assemblage à Toulouse, afin de lui permettre d’assembler aussi bien des A320 que des A321. Le projet annoncé en janvier 2020 avait été mis en pause en raison de la pandémie. Il a été relancé début mai.
L’A321, avec 2.963 appareils en commande fin avril, représente dorénavant près de la moitié du carnet de commandes pour les monocouloirs de l’avionneur. La version A321 XLR, censée permettre d’assurer à partir de 2023 avec un monocouloir des liaisons qui jusqu’ici ne pouvaient l’être que par des gros porteurs long-courriers, rencontre un franc succès commercial avec plus de 450 exemplaires déjà vendus.
Lors d’un rassemblement contre la supresssion de 15.000 postes chez Airbus en Europe, devant l’usine du constructeur à Hambourg, le 8 juillet 2020 (AFP/Archives – MORRIS MAC MATZEN)
L’avionneur compte également augmenter la production d’un autre monocouloir plus petit, l’A220. « Actuellement à une cadence d’environ cinq appareils produits par mois à Mirabel (Canada, ndlr) et Mobile, Airbus confirme une montée à environ six avions par mois début 2022 » et envisage une production mensuelle de 14 avions A220 « d’ici le milieu de la décennie », selon le communiqué.
La reprise sur le segment des gros-porteurs s’avère en revanche bien plus ardue, le trafic long-courrier restant le plus affecté à terme par les conséquences de la crise sanitaire: cinq A350 sont produits chaque mois (contre 10 avant la crise) et « ce chiffre devrait passer à six d’ici à l’automne 2022 » et Airbus maintient sa cadence de deux A330 par mois (contre plus de trois avant crise).
Airbus, a annoncé fin avril avoir gagné de l’argent pour le deuxième trimestre consécutif, mais reste prudent sur les perspectives du marché face à une crise qui n’est « pas terminée ». Il prévoit en 2021 de livrer autant d’avions que l’an passé (566).
]
L’article Airbus se met en ordre de marche pour la reprise est apparu en premier sur zimo news.